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Fêtons le cinéma
710 abonnés
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4,0
Publiée le 2 février 2020
Pourquoi regarder Cruel, cruel World en 2020, court-métrage d’à peine dix minutes sorti en 1914 et mettant en scène les malheurs d’un Charlot petit séducteur ? Parce qu’il est une illustration parfaite de ce que l’on appelait le slapstick – marque de fabrique du studio de production Keystone –, soit un humour reposant une exagération bouffonne de la violence qui oppose souvent deux corps en altercation ou alors un seul et même corps engagé dans une lutte intérieure. Sont représentés ici les deux types d’affrontement : Charlot se jette sur l’homme qui se joue de lui, il lui lance une chaise, il le pousse à l’intérieur de la pièce ; Charlot, convaincu d’avoir été empoisonné, se débat contre le mal qui le ronge mais qui s’avèrera rapidement trompeur, fruit de son imagination. En résulte une œuvre économe dans sa durée et généreuse dans ses effets comiques, bijou méconnu d’efficacité et de concentration d’une énergie burlesque impressionnante. De plus, le film inscrit son exagération dans un cadre qui peut la justifier, puisqu’il est question tour à tour de la passion amoureuse, de la déchirure du personnage à cause de cette passion pour un temps rompue et de la mort qui le menace. Un grand petit, tout petit film à découvrir.
Charlot n’est plus vagabond, il est, dans la lignée évidente de Max Linder, un homme du monde (et même un marquis dans le titre français) qui courtise une femme du monde. Ô surprise : comparé à ceux des films précédents, le scénario est ici nettement plus élaboré : méprise amoureuse, décisions tragiques, révélations, regrets et remords, tentative de réparation… jusqu’à la scène finale où tout le monde se tape dessus allégrement pendant que notre héros retombe dans les bras de sa belle… Notons quelques jolis extérieurs qui aèrent vraiment le propos et une scène onirique des plus originales rappelant irrésistiblement Méliès. Signalons enfin la présence, dans le rôle de la « lady », Minta Durfee, actrice charmante et expressive, qui eut l’honneur d’apparaître quelques fois auprès de Chaplin cette année-là. Au total, une première réussite pour lui en tant qu’acteur qui joue ici pour la première fois un personnage sympathique et souriant.
Ce film est un peu meilleur que la plupart de la même période par son rythme, l'économie de son scénario plutôt trop rapide même mais la dernière partie gâche l'ensemble et révèle un caractère de Charlot tout à fait désagréable spoiler: où il maltraite presque tout le monde . Le film aurait bien meilleur sans cela. Le caractère excessif de l'histoire est incontestable mais là où il y de la comédie il peut ne pas y avoir de mauvais coups et spoiler: même s'il est niais d'avoir trop d'images de son majordome qui rit, le fait que ceux qui souhaitent le secourir ou lui annoncer qu'il n'est pas en danger soit maltraités est sidérants.