Comment dire ? Bizarroïde. Une curieuse sauce anglaise qui reprend plutôt habilement quelques ingrédients glanés ici et là. Et pour éviter l’impression de déjà-vu, l’humour a été tartiné à coups de grandes cuillères sur un faux rythme. Vu la moyenne attribuée par les spectateurs, je me dis que j’ai dû passer à côté de quelque chose. Mais étant donné que je la connaissais avant de me lancer confiant dans le visionnage de ces "Bons baisers de Bruges", je n’ai pu cacher ma déconvenue, attendant patiemment que quelque chose se passe tout en regardant de temps à autres la montre. En fait, il faut attendre 45 minutes avant de voir quelque chose de vraiment accrocheur. Jusque-là, on nous promène dans Bruges pour faire du tourisme aux côtés de deux acolytes dont on comprend rapidement que ce sont des tueurs à gages qui ont été envoyés dans cette belle ville belge pour se faire oublier. La capitale flamande est aussi appelée la Venise du Nord, un haut lieu du romantisme (utilisé lors du dîner en tête à tête) et de la poésie (exploitée avec le plan qui filme un majestueux cygne). Le pitch me plaisait bien pourtant, mais le fait est qu’on tourne en rond durant les trois premiers quarts d’heure, à l’image des deux compères. L’humour est pourtant là, à la fois cynique, caustique et absurde, mais je n’ai jamais réussi à vraiment entrer dedans. En fait, je suis plutôt d’accord avec l’internaute Landofshit0 (pour une fois) pour dire qu’en effet, il faut bien chercher les scènes réellement amusantes. L’humour utilisé a beau être ironique à souhait, eh bien non. J’ai bien souri à un moment ou deux, mais je n’ai pas aimé la recette. L’idée de partir sur des personnages qui n’ont absolument pas la tête de l’emploi, ni même le comportement, me paraissait pourtant un bon début. Seulement Colin Farrell en fait un peu trop à mon goût, et je ne parle même pas de cette romance entamée sur un pseudo plan drague
qui n'a normalement aucune chance d’aboutir
. De plus, cette sorte de faux rythme a fini de me plonger dans un ennui quasi définitif. En ce qui concerne Brendan Gleeson, il rend une copie très honorable, et Ralph Fiennes est excellent, bien qu’on le voie relativement peu, tout du moins par rapport aux deux personnages principaux. J’ai bien aimé aussi Thekla Reuten, en Marie entêtée comme pas permis et suffisamment intrépide pour faire face à des tueurs. Reste la bande originale, très jolie, à la fois appropriée et en décalage avec les scènes qu’elle accompagne. Le final est relativement convenu (avec toute fois une pirouette inattendue) mais qu’importe : il a été filmé avec un grand sens de l’esthétisme. J’ai adoré le plan cadré sur le flingue, porté en bout de main le long de la cuisse, alors que celui qui le tient fond sans empressement sur sa cible. Un véritable code de polar hautement maîtrisé. Je me suis longtemps interrogé aussi sur l’utilité de la présence de l’acteur américain nain, un film se tournant dans les rues de Bruges… Eh bien vous comprendrez si vous allez jusqu’à la fin.