Si j'ai regardé ce documentaire c'était uniquement parce qu'il traitait de la Corée du Nord et je dois dire que c'est l'une des rares fois où j'ai un docu quasiment neutre sur ce pays. Enfin il est bien entendu impossible d'avoir réellement quelque chose de neutre, mais disons que là Daniel Gordon laisse vraiment Dresnok, transfuge américain en Corée s'exprimer sur ce qu'il a vécu durant ses années, plus de quarante ans, passées chez l'ennemi.
Il n'y a aucune volonté de faire passer Dresnok pour un traitre, aucune volonté d'accuser le régime de choses non prouvées, etc. On se limite aux faits lorsqu'on les a, et aux témoignages lorsqu'on n'a pas les faits.
Alors j'ai trouvé le film assez habile parce que sur les quatre transfuges américains il en restait deux en vie au moment du tournage du film en 2006 et les deux ne s'aimaient pas chacun témoignait contre l'autre en l'insultant ou en disant que c'était une brute... Le réalisateur ne tranche pas, on ne saura jamais qui a raison et qui a tort.
Mais c'est également pour moi la première fois que je vois au cinéma quelqu'un dire du bien de la Corée du Nord. Il ne faut pas être naïf, il dit lui-même qu'il a été éduqué de manière à devenir un bon coréen, alors peut-être qu'il enjolive les choses pour pas que les méchants occidentaux puissent penser du mal du régime et qu'il est encore un instrument de propagande du régime...
Car en effet dès le départ il a été utilisé pour ça, faire venir des américains au Nord. Bon ça n'a pas trop bien marché... Puis, il a joué dans des films coréens afin de montrer les vilains américains... Tout est prétexte à propagande.
Ce que j'ai beaucoup apprécié c'était que lui le savait, qu'il n'était pas dupe, mais qu'il était en paix avec lui-même. On le voit apaisé, pêcher, s'amuser avec ses enfants, jouer au bowling. Il sait très bien que la vie qu'il mène en Corée est quelque part un peu meilleure que celle qu'il aurait pu vivre aux USA vu qu'il est privilégié, durant la famine des années 90 il a toujours eu sa ration de riz. Il était peu éduqué et pourtant il a réussi à devenir quelqu'un d'important... il n'a pas à se soucier de l'avenir de ses enfants qui ont réussi sans problème à rentrer à l'université.
Sans doute ne faut-il pas tout prendre pour argent comptant, car Daniel Gordon, le réalisateur, n'a sans doute pas pu filmer ce qu'il voulait. J'en veux pour preuve qu'il filme au début à travers plusieurs séquences assez réussies la ville de Pyongyang, mais il ne filme pas l'hôtel Ryugyong, le fameux hôtel pyramidal qui s'il entrait en service serait le plus grand hôtel du monde. Or je sais que jusqu'à récemment on ne pouvait pas le prendre en photo car il était toujours en construction et ça aurait nuit à l'image de la ville et du régime (maintenant on peut car de l'extérieur ça a l'air terminé, mais à l'intérieur c'est vide, mais les coréens ne s'en vantent pas, alors qu'ils arrivent à se vanter de tout et n'importe quoi).
Je suppose que Daniel Gordon aurait indiqué vu qu'il n'est pas coréen s'il avait subit des pressions pour mettre en scène certaines séquences qui avaient l'air joviales.
Mais en tous cas ça confirme ce que je pensais : les coréens savent donner envie.
L'autre intérêt du film est de pénétrer dans un appartement nord coréen, on y voit l'aménagement, la cuisine, c'est rustique... mais avec de beaux posters de propagandes à chaque étage.
Bref, ce n'est sans doute pas à prendre comme argent comptant, mais c'est intéressant.