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Kurosawa
580 abonnés
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3,5
Publiée le 8 septembre 2019
"La femme sans tête" est un film qui croit profondément au hors-champ mais moins dans une perspective d'activation de l'imagination que dans une recherche d'opacité troublante. Ce qui est d'abord hors-champ, c'est l'accident de Veronica qui a lieu lors des premières minutes. Elle a percuté quelque chose ou quelqu'un mais on ne sait pas quoi. Elle ne descend pas de sa voiture et quand elle redémarre, on aperçoit derrière un chien mort. Vient-elle de l'écraser ou était-il déjà là avant ? On ne le saura pas. Lucrecia Martel fait de cet accident le point de départ du film et aussi son fil rouge mais elle ne va pas pour autant en filmer l'enquête. Ce qui intéresse la cinéaste, c'est l'état de désorientation totale dans lequel plonge Veronica, autant absente aux autres qu'à elle-même. Mais si cette femme semble à ce point perdu, c'est parce qu'elle est convaincue que ce qu'elle a percuté n'était pas quelque chose mais bien quelqu'un; pour autant, le film ne gagne pas en intensité dramatique mais reste avec une obstination qui frustre par instants dans une zone flottante, comme si à force de vouloir jouer la carte du mystère non sans volontarisme, le film se prenait à son propre jeu en s'embourbant. Car les nombreuses scènes anodines qui jalonnent l'ensemble constituent moins un portrait qu'elles ne tentent de saisir un esprit en perdition et un corps chancelant; mais ce procédé sait qu'il bute devant la répétition et se voit du coup presque contraint de s'effacer lors d'une conclusion qui perd en mystère pour prendre la forme d'une critique assassine de la bourgeoisie. Film difficile à l'ambition cinématographique passionnante, "La femme sans tête" vaut aussi pour l'interprétation de son actrice principale, Maria Onetto, mais rencontre des limites dans un système qui bataille pour se réinventer.
Lucrecia Martel est très en vogue au sein d'une certaine intelligentsia fervente d'un cinéma alter mondialiste. "La femme sans tête" diffuse un parfum de nonchalance assez déconcertant au service d'un propos au final très politique. Ce que Martel dénonce de manière assez claire c'est une sorte d'apartheid qui ne porte pas son nom, minant insidieusement la société argentine. Veronica, dentiste de son état professionnel, croit avoir heurté avec son automobile un jeune garçon au retour d'une sortie d'agrément avec ses belles sœurs et cousines. Sous le choc , elle choisit de ne pas s'arrêter pour porter secours. A partir de ce moment, Veronica sort d'elle-même et devient la "femme sans tête". On assiste alors à un étrange ballet où Veronica absente à elle-même, navigue d'un appartement à un autre sans que personne ne semble s'inquiéter de sa passivité. Quand elle se confie à son mari , c'est avec le plus grand naturel et dans la discrétion que la famille s'organise pour effacer les preuves pouvant relier Veronica avec le cadavre du jeune homme retrouvé dans le canal près de l'endroit où sa voiture a heurté ce que tout le monde a voulu prendre pour un chien. Dans une ambiance très feutrée c'est en vérité une horreur qui se déroule sous nos yeux. La bourgeoisie se serre les coudes pour escamoter la mort d'un de ceux de la classe dominée que l'on voit œuvrer en silence dans moult petits travaux au service des possédants. Ce schisme entre deux classes qui s'ignorent semble hanter l'Amérique du Sud. Au Mexique, le phénomène a pris une dimension plus radicale très bien décrite dans le film choc de Rodrigo Pla "La Zona". Le mal est plus sournois en Argentine et cette tâche est recouverte d'un consensus mou très bien décrit par la douce torpeur du cinéma de Lucrecia Martel. Le DVD fournit en bonus une très bonne analyse des trois films de la cinéaste. Pour spectateurs avertis car on n'est très loin du divertissement avec Lucrecia Martel.
Autant l'avouer : je n'avais pas aimé "la ciénaga", le premier long métrage de Lucrecia Martel. Au point de ne même pas aller voir son suivant, "la niña santa". Autant dire que je n'attendais pas des miracles en allant voir "La femme sans tête", présenté en compétition au Festival de Cannes 2008. Finalement, j'avais tort. Tourné à Salta, la ville de naissance de la réalisatrice, ce film ne cherche pas à utiliser les charmes de cette cité du nord-ouest de l'Argentine et de sa région, sans doute la plus belle du pays. Au contraire, Lucrecia peint de façon plutôt féroce une bourgeoisie locale refermée sur elle-même, pour le meilleur ou pour le pire. Au départ, une femme de la bonne bourgeoisie de Salta, dentiste mariée à un médecin, heurte "quelque chose" dans la nuit avec sa voiture. Ce "quelque chose", était-ce un chien ou un être humain ? Plus tard, ses proches effacent-ils les traces parce qu'elle a vraiment heurté un chien et qu'ils espèrent qu'ainsi, elle abandonnera l'idée d'avoir tué quelqu'un ? Ou bien le font-ils pour "sauver" un élément de la bourgeoisie locale qui a réellement tué quelqu'un ? Rarement, les conversations à la sortie du film n'ont été aussi passionnées, chacun défendant sa thèse à coup de petits détails forcément décisifs. Ne serait-ce que pour pouvoir participer à ce débat, il faut voir ce film et le voir avec les yeux bien ouverts.
Ce film intellectualisé risque d'embarrasser le grand public. Comme s'il lui manquait les codes d'accès. A moins d'avoir connu soi-même "le coup sur la tête" au propre comme au figuré. Avoir réchappé d'un accident brutal, cette rupture de rythme, l'effroi doublé de douleur, la confusion mentale entre pleurer, rire, faire des choses incohérentes, être hébété (coma, traumatisme sévère)... L'accidentée dont il est question fait partie d'une classe protégée en Argentine, son entourage s'active autour de sa crainte en laissant entendre qu'il la ménage, sauf qu'on n'est jamais certain d'avoir bien capté ce qui se joue derrière les attentions... Le film force sur l'opaque, meuble à outrance par l'agitation locale ou ces envies de dormir irrépressibles suite à un choc... De quoi se sentir floué d'avoir à gratter les images à partir de ce visage en gros plan, blond et soudain brun... Pour public averti seulement.
Que l'on ne s'y trompe pas ; s'il y a des fonctions et des idées qui pourraient échapper au spectateur lambda dans certains films d'auteurs au véritable cachet intellectuel et philosophique, d'autres ne sont absolument pas portés, malgré l'apparence qu'ils prennent, par une réflexion d'un niveau élevé. Attention donc à cette manie française qu'ont les critiques de trouver de la beauté et des idées là où il n'y en a pas, rendant ainsi le film passionnant alors qu'il ne nous concerne pas du tout. Certaines plumes parviennent même à densifier un récit auquel le metteur en scène n'aurait même pas penser. C'est un peu le cas de "La femme sans tête", ma foi pas le plus mauvais film qui soit en son domaine (le cérébral), mais avant tout un film raté sur un beau sujet, que quelques critiques ont décidé d'aimer parce que Lucrecia Martel fait partie de la << Nouvelle école du cinéma argentin >> . Tout ce qu'entreprend la cinéaste (et même si ses volontés restent floues) tombe à l'eau ; portrait d'une femme en déconnexion partielle avec le réel, cadre obsessionnel, épuration du récit, politisation du sentiment de culpabilité... tout cet art du dialogue mélangé est décapité de ses fonctions premières par une propension à prétendre qui frise la barbarie intellectuelle. Bien qu'ayant une vision souvent peu précise du cinéma sud-américain, comment le public français pourrait-il reçevoir ce film autrement que par l'enchaînement de saynètes aléatoires et d'un étirement prétentieux confinant au 'chiantisme' (la mémoire, vaste terrain et royaume des facilités et des fléchissements)? Le plus étonnant est de voir que Lucrecia Martel semble arriver à esquiver un sujet pourtant imposant, et ce de manière totalement involontaire. Il y a bien quelques séquences magistrales dans l'utilisation figurative de la perte de la mémoire sur le corps, quelques plans, mais l'incrustation du drame et de la recherche de soi dans le quotidien poisseux et ennuyeux d'une classe aisée donne l'impression de
Toujours ces ambiances orageuses, ces moments troubles. Superbe film ! Ça reste un film "confidentiel" très mal distribué. Si un jour Lucrecia Martel est guérie du syndrome "cinéma d'auteurs français", si elle s'affranchit de la Femis, elle pourra nous raconter de véritables histoires.
Lucrecia Martel n'est décidément pas une cinéaste facile. L'argentine creuse encore davantage son (exigeant) sillon avec La femme sans tête, une histoire chargée de symboles et assourdissante par le silence de son héroïne, soudain déréglée et déboussolée au sein de la bourgeoisie bien ordonnée de sa ville de province. Lucrecia Martel filme des vides remplis de non dits avec un savoir faire évident mais court le risque d'être prise à son propre jeu. La femme sans tête est parfois apathique et désaxée et semble perdre tout contact avec la réalité. Aux confins du fantastique, la réalisatrice parvient malgré tout à faire passer, comme en contrebande, un certain nombre de messages forts qu'is soient sociaux ou politiques (impossible de ne pas penser aux années de dictature argentine). Avec le même point de départ,en plein franquisme, Juan Antonio Bardem a réalisé en 1955 un chef d'oeuvre : Mort d'un cycliste. Le film de Lucrecia Martel en est une version abstraite et somnambule. Sans en avoir sa puissance romanesque et réaliste.
Rien n'est à sauver de ce mauvais téléfilm argentin : ni le scénario, ersatz de Lynch, ni la mise en scène (des plans bavards, mal photographiés et cadrés), ni l'interprétation. Si certains pourront s'extasier face aux personnages dans les tranches de vie, les autres bailleront aux corneilles devant ce pensum ni fait ni à faire.
Début très déroutant, succession de scènes et de personnages sans aucune explication, le spectateur est perdue. Puis, l'histoire se met en place et petit à petit, le spectateur s'empare de celle-ci et le film devient passionnant. Film sur la perte soi, de repère il devient sur sur la fin une critique féroce de la bourgeoisie.
Impressionnant, troublant, sensuel. Ce film donne l'impression de rester en surface alors même qu'il pénètre au plus près de l'âme humaine. Aussi une féroce critique de la bourgeoisie, de sa solidarité de classe, de l'incroyable efficacité des puissants.
Un film difficile sans doute dont la lenteur peut faire penser à Antonioni. Mais un film magnifique assurément !!! Quelle mise en scène ! A voir absolument un jour où vous êtes en forme.
Bizarre bizarre, vous avez dit bizarre, pourrait être le point de départ de ce film, tant nous sommes plongés d'emblée dans une ambiance étrange où Veronika perd ses repères,se retrouvant quasi étrangère à elle-même et aux autres...Que s'est-il passé dans la vie de cette bourgeoise argentine bien intégrée pour qu'elle nous offre ce regard perdu, ces silences et ces non-dits qui tranchent sur la vie de son entourage ? Un simple choc en voiture qui n'a peut-être tué qu'un chien,mais la perception qu'elle en a va la transformer en "zombie"..A-t-elle vraiment écrasé quelqu'un comme elle le prétend ? Nous n'en saurons rien, mais sa peur va lui permettre de prendre un autre chemin et peut-être de changer de vie, elle, qui de blonde redevient brune... Un film chargé de symboles qui, à travers cette femme, s'intéresse aussi aux mécanismes assassins d'une société éminemment complice, par sa passivité, de la dictature argentine : pas inintéressant malgré son extrême lenteur...
Pour faire plus nul, difficile! Un "film" qui se la joue intello; qui veut lancer un "message" que seule comprend la metteur en scène. On filme tout et rien; on s'attarde sur des plans sans aucun intérêt (il doit y a avoir du symbole là dessous !!). On parle de tout et de rien. On filme tout ce qui passe sous le nez...(il faut bien "faire de la pellicule"! Et puis, le générique de fin...tiens donc, le film est fini ??? Il n' a même pas commencé! Quelle barbe! Quel ennui! Quelle prétention! Quelle vacuité! Un film de débutante, qui je l' espère, ne persistera pas dans ses navets...