Préparez vous, oui, préparez vous à rentrer dans la vie d'un homme méconnu mais captivant, Ed Wood. Que tous ceux qui croyaient que Tim Burton ne pouvait faire que des comptes de fée soient surpris, que tous ceux qui n'ont jamais vu ce film le voient. En un mot, je peux le dire : ce film est génial. Un pur régal. Pas une seule seconde je me suis ennuyé. Biopic particulier pour Burton (son premier) puisqu'Ed Wood est considéré comme le pire réalisateur de tous les temps (et oui, à l'époque où ce terme a été employé pour le designer, Michael Bay n'était pas encore réalisateur). Quelle vie passionnante. Enfin, je veux dire, Burton rend la vie d'Ed passionnante. Il réalise un film très personnel, la relation entre Wood et Béla Lugosi étant en réalité une métaphore de sa propre relation avec le génial Vincent Price. Parlons-en de cette relation : elle est l'une des forces du film : très touchante, très sincère, très humaine. On ressent l'admiration d'Ed pour Béla et l'amitié de Béla pour Ed. D'ailleurs, force est de constater que si vous regardez ce film parce que c'est un Burton vous serez déçus. On ne retrouve pas son style visuel très travaillé, son côté conte de fée et ses personnages reclus. Certes, la notion de l'artiste est présente : Wood pense être un artiste, mais il n'a aucun talent. D'habitude, dans un Burton, c'est le contraire : le personnage est un artiste sans vraiment le savoir. Le noir et blanc est juste parfait pour le film : faire un film en couleurs sur un réalisateur de films en noir et blanc aurait été ridicule et aurait fait faux. Là, le noir et blanc donne une authenticité à l'histoire, et combiné à la BO d'Howard Shore, l'ambiance fait très films de monstres des années 50 (la scène d'ouverture annonce d'ailleurs le ton du film). Bel hommage à un genre quasi disparu. Ed Wood est un film drôle sans être parodique, et émouvant sans tomber dans le pathos. Il est drôle de constater, d'ailleurs, que la mise en scène n'est pas des plus burtonienne. Elle est simple et authentique, comme le film, pour exprimer le point de vue d'Ed Wood (le film est presque intégralement raconté de son point de vue). Ed Wood, justement, est un personnage génial pour un biopic. C'est un petit peu un cas social : il réalise des films minables, il est naïf, enfantin, il se travestit et il fait n'importe quoi pour sortir ses navets, qu'il croit être des chefs-d'œuvre. Mais le film aurait pu tomber dans la moquerie pure et dure, ce qui n'était pas le souhait de Burton. Tim a de la pitié, voire même de l'admiration pour son protagoniste principal : Wood croit en ce qu'il fait, il est attachant ; il n'est pas bon mais il existe, il veut qu'on reconnaisse son talent alors qu'il n'en a aucun. Il est hué alors qu'il veut juste être un artiste. Rien que de savoir que ce pauvre gars est mort dans l'alcoolisme me fout le cafard. Johnny Depp contribue en grande partie à rendre son personnage attachant ; il n'y a pas à dire, il est parfait. Martin Landau, c'est pareil, il ne joue pas Béla Lugosi, il est Béla Lugosi. Chaque scène où il apparaît est un pur plaisir. Bill Murray est comme à son habitude hilarant, et tous les seconds rôles sont géniaux : Sarah Jessica Parker, Patricia Arquette et même Vincent D'onofrio, remarquable dans la peau d'Orson Wells ! Ce film est aussi intéressant parce qu'il montre comment Wood tournait ses films avec son budget minable, c'est plutôt fidèle à la réalité (j'ai vu les images des films et j'ai pu comparer avec celui de Burton, y a pas à dire, c'est hyper ressemblant) et c'est là que les acteurs peuvent exprimer leur talent : ils jouent de mauvais acteurs sur scène mais doivent être convaincants hors scène. Non, franchement, rarement un biopic ne m'aura autant donné envie d'en savoir plus sur un homme.
Beau, drôle, bien filmé. Nan franchement, ce film est le plus méconnu de Burton et c'est juste honteux. Il est à ranger dans ses meilleurs, aux côtés d'Edward aux mains d'argent ou des Batman. À voir.