Grosse production des années 1910, Atlantis est un film danois qui s’apparente en fait aux grandes romances dont a raffolé et continue de raffoler Hollywood. De l’amour, beaucoup d’amour, quelques scènes d’action, et puis surtout plein de tragique, mais un happy end quand même !
Atlantis est un métrage de près de 2 heures qui nous conte en fait le destin tout de même très tragique pendant quasi tout le film du héros, le docteur Kammacher. Ce dernier va de désillusion en désillusion dans ce film, principalement en matière d’amour. Mais bon, dans ce film il cumule le refus d’une étude scientifique qui devait couronner sa carrière, la folie de sa femme, un naufrage, quantité pléthorique d’amours perdus, la maladie, et j’en oublie sûrement. Bien que pas désagréable, il faut reconnaitre que le concept du film est assez redondant par moment, avec ces différentes romances qui se succèdent. Le film avance essentiellement grâce à cela, et ça m’a paru manquer d’enjeux tout de même. Ça manque d’action, même si le naufrage dans la partie centrale du film vient nous réveiller un peu de la torpeur misérabiliste qui pèse de trop sur ce métrage. Bref, vous connaissez les grandes fresques sentimentales américaines, et bien vous avez à peu de choses près cela dans Atlantis. Autant dire que ça reste un peu ténu sur le fond.
Le casting est plaisant, mais pas exceptionnel. Les acteurs tiennent leurs rôles, mais compte tenu de la forte teneur romantique et encore davantage de la forte teneur dramatique du sujet, on pouvait être en droit de voir plus d’émotions et de sentiments transparaître à l’écran. Olaf Fonss reste bon, et il mène honorablement la danse, mais c’est certain qu’il traverse les épreuves avec une constance trop marquée. Je ne suis pas adepte du surjeu, mais tout de même, dans un muet de ce genre, être plus démonstratif, surtout lorsque ça s’impose, ne me paraît pas être une mauvaise chose. Ebba Thomsen apporte dans la dernière partie un peu plus de vie et de relief que ses comparses précédentes.
En fait, l’atout du film ça reste surtout sa forme. Atlantis s’affranchit vraiment du caractère théâtral et propose un luxe formel assez marquant. Les décors sont nombreux, variés, il y a beaucoup d’extérieurs, et ce film est aussi un document très précieux sur l’époque. Transport en commun, vie de la rue, reconstitution du bord d’un navire, autant d’éléments qui retiennent l’attention, et qui font de cet Atlantis un film à spectacle, c’est certain. De surcroît la mise en scène n’est pas statique, et ose des séquences audacieuses pour l’époque, à l’instar de ce naufrage qui reste le clou du spectacle. D’ailleurs, même si cette séquence ne représente qu’une petite partie du film, elle lui a donné son titre. Les scènes de paniques sont très réussies.
En clair, Atlantis n’est pas un vrai grand film. Luxueux indubitablement, productions parmi les plus ambitieuses des années 1910, on se retrouve cependant face à un film au propos assez lourd, redondant, qui n’avance que sur les aventures toujours plus tragiques et désastreuses (pire que les Orphelins Baudelaire vous dis-je !) du héros, et cela jusqu’au happy end final convenu. Une fresque sentimentale donc, mais qui n’a pas la force et le souffle qu’elle aurait pu avoir. 3