Après le triomphe d'Impitoyable de Clint Eastwood, les studios américains comprennent que le western est un genre encore exploitable et qui peut rapporter gros. Ils rassemblent leurs techniciens et artistes et font jouer une actrice de renommée internationale (la belle Sharon Stone de Basic Instinct), l'acteur jouant le méchant d'Impitoyable (Gene Hackman), des stars grandissantes à savoir Leonardo Dicaprio et Russell Crowe plus, question d'hommage à la bonne vieille époque, Woody Stroode en croque mort. Sharon Stone est assez bonne en héroïne cow girl, vengeresse et désincarné. 18 ans avant d'incarner à son tour le méchant dans Django Unchained, Leonardo Dicaprio interprète le Kid avec talent, dont le sort qui lui est réservé nous touchera vraiment. Russell Crowe, encore maigre et mince, est excellent en un martyr, homme tiraillé entre son idéaliste clérical et son passé de truand et le plus humain des protagonistes présents. Le meilleur demeure Gene Hackman, fantastique dans la peau du méchant ici tyrannique et sans pitié sous des dehors cultivés et bonhomes. Un méchant très réussi. Pourtant qu'est-ce qui ne va pas avec ce film ? « Nous nous réclamons davantage de Sergio Leone que de John Ford », déclare Sam Raimi. Malheureusement, Mort ou vif réduit le western-spaghetti à sa plus simple expression : le duel au pistolet. Sam Raimi exploite sans conviction les archétypes du Far West, avec ses personnages imposés (le vieux médecin, les prostitués, le joueur de poker...). La mise en scène et le scénario ne font que de sous-Leone (exemple: l'héroïne sortant de la fumée comme Eastwood 30 ans jadis). Raimi attache une trop grande importance à l'envie de créer du style qui finit par lasser, prêter à sourire et à donner lieu à de nombreuses incohérences techniques (je ne crois pas que l'on puisse créer un trou parfait dans le corps d'une personne avec des armes de cette époque) et dramatiques : bizarre que pleins de gens vivent dans une ville immorale, bizarre que l'héroïne soit attiré et méprise en même le prêcheur, bizarre qu'elle ne reste pas avec lui à la fin... Les scénaristes se sont cru intelligent de mettre de la variété sensé faire plus réaliste en plaçant des personnages très distincts des uns des autres concernant les participants du tournoi : un pédophile, une brute évadé de la prison qui se créer des plaies à chaque homme tombé, un indien se disant immortel, un pistolero dandy rajoutant un as à son jeu après chaque tué, un blanc-bec sûr de lui et séducteur... Bien, bien. Mais tout cela n'a rien de réaliste et ne convainc pas. En fait, il n'y a pas la moindre idée dramatique, ni la moindre audace visuelle à l'horizon. Ou plutôt, si, une seule, à l'humour douteux : un gunfighter, entrevu à travers le trou que laisse sa balle dans la tête de son adversaire. Mort ou Vif est un western trop stéréotypé, trop conventionnel pour en faire un très bon. Il emploie toutes les capacités techniques modernes pour donner du meilleur qu'il peut, mais sombre dans le lourd et demeure sans surprise au niveau de la trame. Il n'est en soi qu'une histoire de vengeance tout à fait banal et qui sent trop le déjà-vu. Bien qu'il ne soit pas indigne d'intérêt, il ne vaut en aucun cas un les classiques de John Ford, Clint Estwood ou de Sergio Leone. Son échec commercial et critique peut se comprendre.