Ce film est comme le mec de l’affiche, avec une grosse bulle de chewing-gum rose dans le bec. On l’a voulu drôle. Synopsis : un ado se transforme en un super-héros adulte en prononçant Shazam! Mais le film n’est pas drôle au départ. Il aurait pu ne pas l’être du tout. D’entrée, la famille s’annonce comme le thème principal –et l’on sait bien qu’elle conditionne beaucoup le devenir de l’individu. On a décompté trois genres de familles qui sont abordés dans le film (la méchante, l’idiote, la recomposée) –aucune n’est donc vraiment « normale ». Et tout au long du film, on insiste sur le message que chacun doit « décider de son destin ». On a donc tous les ingrédients pour un film dramatique ! En plus, le monde magique, obscur et désespérant, arrive immanquablement dans l’histoire. Mais le film devient drôle ! Les auteurs du film l’ont voulu ainsi, dans la deuxième partie, quand le décor est bien planté, dès que Billy l’ado devient Shazam (joué par Zachary Levi). Ils ont voulu un super-héros cocasse et niais, qui puisse rigoler avec ses copains sans prise de tête. Evidemment, le super-vilain de service ne le trouve pas drôle (celui qui vient d’une famille d’un autre genre, et qui, lui aussi, a dû décider de son destin). Beaucoup de spectateurs seront de son avis –tout le monde n’est pas sensible, ou prêt, à ce genre d’humour –il y en a qui grinceront des dents quand Billy et Freddy (son frère de famille d’accueil) font l’inventaire des pouvoirs de Shazam sur la musique de Queen « don't stop me now » –inventaire, soit dit en passant, qui continuera jusqu’à la fin, et même jusqu’à la dernière seconde du deuxième post-générique final. La première partie du film est donc intéressante ; la deuxième est… différente. Ajoutons que dans les deux parties, il y a une constante qui est discutable, c’est l’excès et la vulgarité des effets spéciaux concernant le monde magique (essentiellement les sept péchés capitaux) –une magie évidente, ampoulée, bruyante, est le contraire de la magie, objet de mondes cachés. Sur ce plan, DC Comics a peut-être le même défaut que Marvel –ce film est le 7ème film de l’Univers DC (Batman, Superman, etc). On se dit parfois que le public mérite mieux (et d’autres fois qu’on est devenu bien difficile). A.G.