Dans la continuité du livre éponyme de Pierre Bourdieu (publié en 1998), le réalisateur belge Patric Jean questionne le monde sur la place de la femme dans notre société (remettons les choses dans le contexte, ce film date de 2009, bon nombre de femmes présentes dans le film auraient sans doute (à l’heure d’aujourd’hui) un tout autre discours, beaucoup plus libéré et moins renfermé dans des carcans patriarcaux depuis l’affaire #MeToo).
Si les femmes ont pu obtenir le droit de vote et un compte en banque à leur nom, c'est après des années de batailles et de protestations. Pourtant, la situation ne semble pas avoir évoluée en ce qui concerne la place de la femme dans la société. Le documentaire se dévoile étape par étape, en démarrant de la plus surprenante des façons, dans le cabinet d’un chirurgien esthétique où un homme complexé par la petitesse de son phallus vient consulter pour subir un rallongement de la taille de son pénis. On assiste aussi à une séance de speed-dating où la plupart des femmes qui décrivent l’homme idéal serait pour elles : macho et dominant !? OK, pourquoi pas…
Puis on passe dans un tout autre univers, celui d’un magasin de jouets où l’on constate à quel point tout est stéréotypé et où l’on conditionne les enfants par le biais des jouets et des livres (à leur dépend), en prenant bien soin de rappeler que la place de la femme est derrière les fourneaux ou la table à repasser et celle de l'homme, au bureau ou devant un match de foot. Quand les garçons peuvent jouer au pompier, policier ou super-héros, les filles sont coltinées aux princesses et . . . à rien d'autres !
Le film donne aussi la parole à un graphiste publicitaire, qui retouche bon nombre de photos de femmes (augmente les seins, réduit la tâche des hanches, masque la cellulite, …) dans un seul et unique but, véhiculer un idéal féminin. On y croise aussi des femmes victimes de violences conjugales (ainsi qu’un homme accusé de violence), le tout entrecoupé d’images assez violentes (mais nécessaires pour appuyer les propos).
Vient ensuite, le tour des féministes de prendre la parole, avec un détour au Québec où le pays fait figure de bon élève en ayant 20 ans d'avance vis-à-vis de la place des femmes dans la société. Il est amusant de voir comment le réalisateur à alterner leur discours avec l’intervention d’un contre-courant réactionnaires de masculinistes qui croient dure comme fer que les femmes nuisent aux mâles. « Le féminisme est un crime contre l’humanité ». Sans oublier l’intervention d’Eric Zemour à la télévision « Je continue à penser qu’il y a de la violence dans le rapport sexuel entre homme et femme, c’est une violence civilisée évidemment (…) Il faut qu’il soit un prédateur sexuel civilisé (en parlant de l’Homme) ». Ajouter à cela, la réplique savoureuse d’un certain Léo Ferré : « L’intelligence des femmes, c’est dans les ovaires ». Comme quoi, pas besoin d’aller de l’autre côté de l’Atlantique pour avoir affaire à des vieux cons de masculinistes. Le réalisateur reviendra aussi sur le massacre sanglant au sein de l’École polytechnique de Montréal en 1989, perpétré par un misogyne instable et aux motivations antiféministes (dont le réalisateur québécois Denis Villeneuve en fera une très belle adaptation avec Polytechnique - 2009).
Au final, on se retrouve devant un documentaire bien trop dense, où le réalisateur alterne entre la Belgique, la France et le Québec. Beaucoup de thèmes y sont abordés, peut-être un peu trop, rendant par moment les séquences décousues et certaines, clairement pas assez approfondies.
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