J’attendais de revoir ce long métrage pour éventuellement modifier ma critique, et ma note. Maintenant que c'est chose faite, puisque la chaîne TMC a eu la bonne idée de le rediffuser, j'efface tout pour tout recommencer, un peu plus certain de mon sentiment. En effet, la première fois que je l’ai vu, je n’étais pas franchement convaincu par ce film, pas plus que je ne l’étais en rédigeant mon avis. Et j’étais resté ainsi, mon postérieur inconfortablement installé entre deux chaises. Eh bien voilà : "Ca$h" est l’exemple type d’un film français tourné à l’américaine. Sauf que le cinéma français n’en a ni le savoir-faire, ni la culture, mis à part peut-être Luc Besson (quoiqu’il soit en perte de vitesse depuis quelques temps) ou le nouveau venu Fred Cavayé (dans une moindre mesure). Mais là n’est pas le propos et j’en reviens au film. Quand le 7ème art français se donne des airs de 7ème art américain, on n’est pas très loin du naufrage. Ce n’est pas le cas ici, bien que très perfectible, malgré l’appel à un énorme casting. Ainsi on va trouver Jean Dujardin, Jean Reno, Valeria Golino, Alice Taglioni, François Berléand, Jocelyn Quivrin, Clovis Cornillac, pour ne citer qu’eux. Que des grands noms. Les acteurs sont pour la plupart excellents, et la trame générale du film est au top. Alors qu’est-ce qui cloche ? Outre l’aspect polar des années 60/70 (avec la musique qui va bien, mais qui ne colle pas du tout avec l’époque de l’intrigue), très largement inspiré des films d’arnaque comme le confie le réalisateur lors d’une interview, il y a beaucoup de rebondissements. Trop. Le réalisateur a voulu faire quelque chose de pêchu, du cinéma champagne, avec un rythme enlevé pour porter le suspense, et on ne peut pas vraiment le blâmer pour ça, au contraire. Il y est même en partie arrivé, mais trop de coups de théâtre sont proposés, signe évident d'en avoir voulu trop en faire. Il est bon d’être surpris de temps à autre, mais le grand nombre de rebondissements désarçonnent le spectateur qui va rester avec des questions sans réponses. Bien sûr qu’il n’y a pas d’arnaque sans pigeon. Mais tantôt l’arnaqueur devient le pigeon, tantôt c’est l’inverse, bref on réfléchit tout le temps, ce qui a le don de rendre le film assez prenant. Mais on ne sait plus trop qui arnaque qui, et à la fin on ne comprend plus grand-chose : Cash voulait venger son frère, mais au final, où est la vengeance ? Est-ce que toute cette affaire a été montée de toute pièce pour abuser la nouvelle venue du groupe ? Et puis au final, voulait-il vraiment venger son frère, ou tout simplement prouver qu'il pouvait être bon lui aussi dans l'arnaque en se donnant le prétexte de l'arnaque ? Trop de questions restent en suspens… Reste alors les bonne interprétations des acteurs, que ce soit le très expressif Jean Dujardin, le ténébreux et fantasque Jean Reno, la malicieuse Alice Tagioni, la manipulatrice Valeria Taglioni, et le clown de service François Berléand, excellent dans la peau du milliardaire capricieux ou du tzigane joueur de violon. Evidemment, impossible de ne pas faire le rapprochement avec "Ocean’s eleven", habilement mêlé aux films d’arnaque comme "L’arnaqueur" et sa suite "La couleur de l’argent" (ou autres, la liste n’est pas exhaustive), portés par des personnages qui se caractérisent par un fort complexe de supériorité. Dommage, il y avait matière à faire mieux, et je pense que ce film aurait mérité bien 20 minutes de plus pour mieux développer certaines parties de l’intrigue, comme par exemple les phases d’attente, toujours stressantes. Un potentiel chef-d’œuvre selon moi, qui me fait plus l’effet d’un petit gâchis.