Sucker Punch marque un tournant dans la filmographie de son réalisateur. Zack Snyder. En effet, ce cinquième film ne s’inspire d’aucune autre œuvre mais est bien issue de l’imagination du cinéaste. Alors qu’il s’était frotté au remake (L’Armée des Morts), à l’adaptation de BD (300 et Watchmen) et de livre pour enfants (Le Royaume de Ga’Hoole). Le fait de réaliser un projet de longue date écrit par soi-même en fait-il un film hors du commun ? En sachant que Snyder reste l’un des réalisateurs les plus ambitieux sur le point de vue visuel ?
Le spectateur est plongé dans les méandres de l'imagination débordante d'une jeune fille, dont les rêves sont la seule échappatoire à sa vie cauchemardesque. Délivrée des limites de l'espace et du temps, elle est libre d'aller là où l'entraîne son imagination, et ses aventures incroyables brouillent la frontière entre réalité et imaginaire. Internée contre son gré, Babydoll n'a toutefois pas perdu la volonté de vivre. Déterminée à se battre pour retrouver sa liberté, elle pousse quatre autres jeunes filles à se regrouper pour tenter d'échapper à leur destin terrifiant, à la merci de leurs geôliers. Avec l'aide d'un mystérieux guide, les filles engagent une bataille dans un univers fantastique peuplé de samouraïs, de dragons, de soldats allemands de la 1ère guerre mondiale et de robots, avec un impressionnant arsenal virtuel à leur disposition. Ensemble, elles doivent décider de ce qu'elles sont prêtes à sacrifier pour rester en vie. Leur incroyable voyage les conduira à la liberté ! Si elles réussissent…
De la part d’un artiste visuel aussi tordu, on ne pouvait rêver mieux comme scénario ! Une jeune fille internée dans un asile qui tente de s’en échappé en se plongeant dans un univers improbable où elle et d’autres combattent carrément des monstres ! Il faut bien le dire, l’idée se montre excellente ! Encore faillait-il laisser le divertissement de côté et se préoccuper plus des personnages. Et malheureusement, le tout se montre très mal exploité… Tout simplement du fait que le passage de la réalité au monde imaginé se fait de manière maladroite, perdant ainsi le spectateur. Lui faisant oublier la dure réalité vécue par ces jeunes filles. Ainsi, toutes les horreurs qu’elles doivent supporter sont transformées en simple peur face à un mac. Et doivent donc suivre une fille qui, par la magie de la danse (!!) emporte tout le monde dans des univers faits de combats et de prophéties ! Au point que cela en réduit affreusement la qualité des dialogues (« la cinquième chose, c’est moi… ») et de l’émotion. Sans oublier que le travail des personnages s’en retrouve lourdement atteint, le film enchaînant des protagonistes secondaires sans âme ni intérêt (Blondie, Amber, Mme Gorski…). Bref, tout se tourne entièrement vers le divertissement, laissant la réalité de côté. Alors que faire le parallèle entre cette réalité et le « fantasme » aurait fait preuve de chef-d’œuvre d’écriture ! Ce n’est pas le cas et le tout n’en est que plus déconcertant…
Immense gâchis scénaristique donc, effacé par un surplus d’images virtuelles à gogo ! On savait Snyder adepte de ce genre de film. Mais là, le réalisateur s’est véritablement lâché : asile crasseux, bordel de luxe digne de Moulin Rouge !, temple japonais de l’époque des samouraïs, tranchées de la Première Guerre Mondiale, château moyenâgeux avec dragon et train futuriste rempli de robots tueurs ! Ce n’est plus un film, mais carrément un jeu vidéo qui nous est offert ici ! Voire même un déluge de clips, par moment, tant les ralentis et la BO si spécifique tendent à donner cette image. Il n’y a pas à dire, Sucker Punch se compense parfaitement du point de vue visuel, le film étant un véritable festival ! C’est stylisé comme il faut, et ce malgré des effets numériques potables, mais pas aussi fabuleux que pour Le Royaume de Ga’Hoole.
Un univers hors du commun auquel s’y prête agréablement chaque comédien du film (ou devrais-je dire chaque actrice, vu qu’il n’y a que ça à l’écran). Emily Browing, Abbie Cormish, Jena Malone, Vanessa Hudgens et Jamie Chung, toute en tenue légère, maquillées et coiffées à l’extrême, dévoilent une autre image d’elles avec amusement, mais non de manière inoubliable. Malheureusement…
C’est vraiment dommage… Sucker Punch n’est qu’un blockbuster visuel. Que dis-je ? Un jeu vidéo clipesque qui ne propose que des scènes de combats acharnés, mettant en scène de jeunes filles sexy. Rien de plus ! C’est divertissant et original dans le fond, il faut bien admettre. Mais quand on s’attarde sur ce qu’il aurait pu être si le scénario n’avait pas été autant négligé, la frustration n’en est que plus grande ! Au moins, Zack Snyder a prouvé une chose : il peut se révéler être un bon réalisateur (Watchmen, Le Royaume de Ga’Hoole) mais n’est en aucun cas un scénariste. Plus un homme de spectacle !