Un film de Snyder est devenu un évènement en soi, depuis l'ultra stylisé "300", au superbe "Watchmen", en passant par son dernier bébé, "Man of Steel", comic-movie aussi important s'il en est que les Batman de Nolan, Sucker Punch ne déroge pas à la règle, le cinéaste signant avec ce film une oeuvre certes maladroite, mais d'une beauté sans équivalent dans le petit monde du blockbuster hollywoodien.
En près d'une heure et cinquante minutes, on passe à presque tous les genre de films, du drame familial, au film d'action, à l'heroic-fantasy en passant le musical, le tout dans une cohérence artistique assez phénoménale malgré quelques redondances. Baby Doll, internée en hôpital psychiatrique, s'est créé un monde afin de survivre à un environnement misogyne redoutable. Une réflexion allant de la liberté au féminisme le plus sincère du réalisateur, Snyder nous livre donc un film hautement personnel et très singulier, un papier cadeau de blockbuster cachant de multiples niveaux de lecture, jusqu'au final, superbe. Les trente dernières minutes sont à elles seules un petit bijou de mise en scène et de style, non pas en contradiction avec les quatre grosses scènes d'actions du récit, mais en complète harmonie, signifiant encore une fois à quel point Snyder est précieux dans le paysage hollywoodien actuel. Cinéaste du mouvement, presque peintre surréaliste (très beau travail de Rick Carter par ailleurs), on ressort de Sucker Punch secoué, avec ce sentiment qu'on a assisté non pas à un chef-d'oeuvre, mais à une oeuvre personnelle, sincère et inspirée, et plus que tout, originale, chose qui fait cruellement défaut dans le studio system actuel. Au delà des multiples ralentis et autres tics de réalisation qui font défaut au cinéaste (il s'est heureusement calmé sur le reboot de Superman), le graphisme et la superbe composition des images n'a d'égal que l'émotion ressentie en toute fin de parcours, un combat qu'il est nécéssaire de porter au delà d'une salle de cinéma.