Le film qui ne me disait rien du tout à la base, mais alors vraiment rien.
A sa sortie, je n'aimais pas Zack Snyder. Ses films me semblaient "banquables". 300 était certes un film avec des scènes d'actions ultra-stylés, mais le numérique pour chaque décor alors qu'on venait à peine de sortir de la Nouvelle Zélande avec le Seigneur des Anneaux, j'accrochais vraiment pas. Mais ça encore, ça à ouvert la porte à Spartacus et donc le temps a finalement cicatrisé ce numérique "pseudo-tableau" dégoutant. Mais le problème de 300 c'est qu'il sentait le film propagande post-11 septembre avec des caucasiens surpuissants qui protègent la démocratie de méchants arabes bien vénères. Cela me semblait insultant pour l'histoire ce parti pris, c'était oublier que les grecs avaient leurs esclaves et que l'armée perse s'étendait jusqu'en Russie. Sans parler des monstres difformes en parfait contraste avec les spartiates tous foutus comme des mannequins.
Je n'avais pas aimé Watchmen non plus, mais ça c'est personnel, étant un fanatique du comics à la base (clairement la bible des super héros). La BD avait une telle construction dans son scénario, son rythme, son découpage, sa mise en scène et ses dialogues que changer le moindre élément, c'était enlever une carte d'un château de cartes, et il y avait trop de liberté pour un puriste tel que moi.
Si Sucker Punch ne me donnait pas envie c'est qu'il sentait l'attrape nigaud à reprendre tout les thèmes geek d'actions et de jeu vidéo en y foutant des bimbos en mini jupe. Sauf que le temps est passé et de ce film je n'entendis plus jamais personne en parler. Zack Snyder était remonté dans mon estime grâce au génial Man of Steel (alors que je n'aime pas Superman à la base), et je n'avais sur le moment plus rien à me mettre sous la dent. Et quelle claque dans la gueule je me suis pris dans le visionnage de ce film, la preuve qu'on ne juge jamais un film avant de l'avoir vu.
On sent que le film est en réalité non pas un film banquable pour pré-pubère mais un film personnel, un hommage à toute la culture geek, un cadeau de Snyder pour tout les gamers, le rêve d'un enfant sommeillant en lui finalement accomplis. Il est d'ailleurs important de préciser qu'à ce jour c'est son seul film à ne pas être une adaptation, et c'est toujours avec un scénario d'origine que Snyder exerce le mieux son talent (comme avec la réécriture du mythe de Superman).
Déjà niveau action, ce sera toujours l'élément que l'on ne pourra jamais repprocher à Snyder, que l'on aime ou pas ses films, c'est toujours le moment agréable qui nous fait un peu plus digérer le visionnage. Il a parfaitement compris ce que le public attendait à ce niveau là et on sent que lui-même est fan d'action en tout genre, que ce soit cinématographiquement, en comics ou dans le jeu vidéo. Et en plus d'être classe et ultra jouissif, qu'est-ce que c'est beau ! Le numérique j'accroche pas normalement, mais la direction artistique est bien plus travaillée qu'il n'y parait, malgré son aspect classique et de "déjà-vu". Et il n'y a pas à dire, de charmantes demoiselles badass c'est bien plus agréable que des grecs au torse bombé.
Au passage, toute les actrices jouent bien, au lieu d'être des bimbos servant à faire baver les jeunes mâles (même si ils baverons, moi-même je n'ai pas pu m'en empêcher) sur un scénario machiste comme on pourrait le croire, la trame cache en réalité un message féministe. C'est une fable sur des femmes fortes luttant contre la séquestration et l'abus de pouvoir. Mention spéciale à Jena Malone qui, en plus d'être la meilleure actrice des cinq, est aussi la plus canon.
Ce qui surprend aussi, c'est le scénario. Au début on est très sceptique, les passages à différents mondes n'ont aucune explication et c'est a nous-même de nous faire d'abord nos suppositions, ce qui est un peu bête car cela fait travailler les méninges à des moments où on voudrait déconnecter le cerveau. Remarque aussi au personnage joué par Abble Cornish, qui fait la gueule à l’héroïne au début comme ça, par mauvais caractère, car l’héroïne est nouvelle, juste histoire de répondre à un cliché. Sauf que plus le film avance, plus on commence à comprendre, et plus on en prend plein les yeux, jusqu'au climax de fin qui est en parfait opposé au début du film.
Alors que le début nous en mettait plein la rétine sans rien expliquer, le dénouement arrive après que l'on soit bien immergé dans l'univers, démarche nécessaire car cela ne se règle pas par une bête scène d'action mais par l'explication de tout le pourquoi du comment qui nous permet enfin de comprendre au moment où on ne se posait plus la question, offrant ainsi un meilleur impact sans que l'on s'ennuie ou que l'on soit déçu. Le scénario mélange parfaitement la raison et la folie, le réel et le virtuel. Même si ce n'est pas au niveau des chefs d’œuvres de K Dick qui excelle dans le genre (Blade Runner ; Ubik), le principe est parfaitement bien écrit et pensé. Comme son scénario, son univers à un cul entre deux chaises, entre le mainstream et l'originalité, le film finit par avoir son univers propre tel un excellent comics.
Mention aussi à la musique, du mal à accrocher au début car sonnant avec ce que le reste du film semblait d'abord paraître, gothique. En réalité c'est peut-être l'une des meilleurs ost entendu à ce jour dans un film d'action.
En conclusion : J'ai commencé le visionnage avec un esprit grognon et au final je me suis retrouvé à adorer ce que je regardais et à me sentir tel que je me sentais lors ce que je vis petit Sin City ou bien devant le pleine écran avec the Dark Knight, tel Louis XIV lors ce qu'il découvrit Molière (pour ceux qui ne comprennent pas la comparaison, internet est votre ami). Une assiette de cuisine trois étoiles déguisée en menu fast-food.