Je suis un peu passé à côté du culte dont "Dumb & Dumber" fait l’objet depuis sa sortie. J’avais pourtant vu le film assez rapidement lors de sa sortie en K7 (toute une époque…) mais je l’avais trouvé assez inégal et, surtout, le ton m’avait un peu décontenancé. Il faut dire que "Dumb & Dumber" ne ressemblait pas à grand-chose de connu alors… et qu’il a été depuis, allègrement pillé (voir "La tour Montparnasse Infernale" pour prendre l’exemple le plus glorieux). Il faut dire, également, que je n’ai jamais été un adorateur inconditionnel des frères Farrelly et de leur humour potache. La sortie de la suite a été, cependant, l’occasion de redonner une chance au film… j’admets, avec le recul, que "Dumb & Dumber" n’a pas usurpé son statut de film précurseur, voire créateur d’un nouveau genre : la comédie débile assumée. On retrouve, effectivement tout ce qui fera la marque de fabrique des frères Farrelly, que ce soit le bon (les vannes décalées, la connerie hissée au rang d’art de vivre, les personnages invraisemblablement drôles…) ou le moins bon (des dialogues parfois lourds, la prévisibilité de certaines vannes, les gags scato…). Mais ne nous y trompons pas : ce n’est pas tant l’écriture ou la mise en scène qui a assuré la pérennité du film… mais bien l’interprétation du duo vedette, et plus particulièrement de Jim Carrey qui, après "Ace Ventura" et "The Mask", ajoutait un nouveau trophée à son palmarès comique ! L’acteur repousse les limites du jeu avec un look, une gestuelle, des mimiques mais, également, des répliques qui emportent très souvent le morceau. Son interprétation aurait, en toute logique, dû éclipser celle de Jeff Daniels, qu’on n’attendait vraiment pas là… mais qui parvient, contre toute attente, à tenir la dragée haute à son partenaire en évitant le piège du mimétisme (qui n’aurait pas été à son avantage) pour, au contraire, enfoncer le clou de la complicité absurde. Les deux personnages ont beau être deux débiles profonds, ils partagent les mêmes codes et se comprennent comme deux enfants préparant une connerie… ce qui, avec des corps d’adulte, n’est pas si habituel sur grand écran ! L’alchimie gamine entre les deux personnages est le moteur du film, qui se voit transcendé par des fulgurances comiques devenues cultes (
la valise rapporté à Monsieur Samsonite, la voiture chien, les reconnaissances de dettes censées être rassurantes, l’échange entre la voiture et la mobylette ou encore la vente de la perruche décapitée à un petit aveugle !
). Malheureusement, tous les gags ne sont pas toujours aussi efficaces et le film m’a paru très inégal, puisqu’il ne fait pas l’économie de gags attendus, voire poussifs (les gags scato en général, qu’on voit venir de très loin). Autre défaut majeur du film : les réactions des autres personnages au contact des deux héros. Ce problème est tout particulièrement prégnant avec le personnage de Mary Swanson (jouée par une Lauren Holly un peu nunuche), dont on peine à comprendre le comportement au contact de Harry notamment. Il en est de même concernant les méchants du film, qui s’évertuent à ne pas comprendre qu’ils sont face à des demeurés malgré leurs actes ne laissant que peu de place au doute. Ce défaut très 90’s m’a définitivement empêché d’être emballé par "Dumb & Dumber", qui reste une comédie réussie mais qui ne sera, malheureusement jamais un chef d’œuvre pour moi… Sans doute suis-je passé à côté !