On dresse souvent un parallèle ironique entre le rôle d'Henry Fonda dans Les raisins de la colère et celui de son fils Peter Fonda, qui joue en 1969 le rôle de Wyatt dans le film culte Easy Rider: un autre personnage héroïque, indépendant, qui erre en nomade à travers le sud-ouest des Etats-Unis dans la poursuite frustrée de rêves et d'une vie meilleure. Cependant dans cette poursuite du rêve américain semblable à celle de la famille Joad, il voyage de la Californie (supposée être la terre de toutes les opportunités) à la Nouvelle -Orléans, c'est-à-dire dans la direction opposée.
L'acteur Henry Fonda détient le record de la plus longue période entre sa première nomination aux Oscars pour Les Raisins de la colère en 1940, et sa seconde nomination qui n'arrive qu'en 1981, soit 41 ans après, pour La Maison du lac.
Les positions pro-syndicales du film amenèrent l'écrivain John Steinbeck et le réalisateur John Ford a être l'objet d'une enquête menée par le Congrès Américain pendant l'ère de la "Peur Rouge" (initiée par le sénateur John McCarthy) parce qu'on les soupçonnait d'être des sympathisants communistes.
Les banques et les corporations de fermiers qui contrôlaient la plupart des fermes de Californie voyaient d'un mauvais oeil le roman (il était d'ailleurs interdit dans certains Etats et dans certains comtés de Californie. Le livre fut également absent de la bibliothèque municipale de Salinas, la ville natale de John Steinbeck jusque dans les années 1990) et d'un oeil encore plus mauvais son adaptation cinématographique. L'association des fermiers de Californie appela à un boycott de tous les films de la 20th Century Fox, et John Steinbeck lui-même reçut des menaces de mort.
Darryl F. Zanuck acheta à John Steinbeck ses droits d'auteur pour 100 000 dollars (une somme très importante à l'époque). L'écrivain accepta l'offre à condition que cinéastes et producteurs lui fassent part du résultat et que l'adaptation soit respecteuse et le projet responsable.
Henry Fonda qui essayait alors de percer comme star à Hollywood, tenta d'éviter d'entrer en contrat avec la 20th Century Fox car il voulait garder la possibilité de choisir ses projets de manière indépendante (un grand nombre de stars à l'époque essayaient de gagner une telle indépendance). Mais lorsqu'il se vit offrir le rôle tant convoité de Tom Joad, l'acteur finit par céder et signa un contrat de sept ans avec le studio car il savait que c'était le rôle de sa vie.
Le titre provisoire du film était "Highway 66" (en référence à l'autoroute empruntée par les migrants pendant la Grande Dépression, qui traverse les Etats-Unis d'Est en Ouest, et est surnommée "Mother Road" soit la route-mère) pour éviter que le tournage ne soit affecté par les problèmes des syndicats, sujet controversé du roman de John Steinbeck. Beaucoup des situations désespérées mises en scène continuèrent en effet après la sortie du film. D'autre part, une suite était en projet un an après la sortie du premier, reprenant le titre provisoire, avant que le projet lui-même ne soit abandonné.
Le film a connu une brève exploitation en URSS. Le pouvoir communiste en place autorisa en effet sa projection, trouvant dans cette histoire qui se déroulait durant la crise de 1929, l'occasion de fustiger le capitalisme. La réaction du public russe ne fut toutefois pas celle escomptée, puisqu'il s'émerveilla que, même au plus profond de la misère, les personnages possèdent encore une voiture. La censure le retira donc aussitôt des écrans.
La fin originelle du roman était beaucoup trop controversée pour pouvoir être montrée sur grand écran en 1940. Elle devait en effet mettre en scène Rose-of-Sharon Rivers (Dorris Bowdon) accouchant d'un nouveau-né mort-né et offrant ensuite son lait à un homme mourant de faim dans la grange.
Avant de commencer le tournage, le producteur Darryl F. Zanuck envoya des enquêteurs sous couverture dans les camps d'émigrants pour voir si l'écrivain John Steinbeck n'avait pas exagéré à propos des conditions misérables et du traitement injuste dont étaient victimes ces derniers. Il fut en réalité horrifié de découvrir que l'écrivain avait en fait minimisé ce qui se passait dans ces camps.
Le public étranger eut droit à une version spéciale où un prologue expliquant les effets de la Grande Dépression et le phénomène du Dust Bowl (une sécheresse sévère et une érosion des sols qui contraignirent de nombreux agriculteurs à quitter l'Oklahoma pour s'installer à l'ouest du pays) fut ajouté.
Pendant le tournage de la scène où la voiture de la famille Joad descend l'autoroute, le réalisateur John Ford souhaitait ajouter un plan montrant le grand nombre de roulottes prenant la direction de l'Ouest. Le responsable financier du film arrêta de vraies voitures pour mettre en scène le périple et paya cinq dollars les conducteurs qui acceptèrent d'escorter la carriole de la famille Joad devant les caméras.
L'écrivain John Steinbeck, dont le roman est adapté dans le film, affirma adorer le film et soutint qu'Henry Fonda, qui interprète Tom Joad, lui fit croire en ses propres mots ("believe my own words").
John Ford interdit tout maquillage et parfum sur le tournage pour rester en cohérence avec le ton du film et ne pas le dénaturer.
Le tournage du film dura sept semaines.
Filmé dans un style documentaire en noir et blanc, avec des lumières et des clairs-obscurs discrets (provenant souvent d'une bougie ou d'une autre faible source de lumière), le directeur de la photographie Gregg Toland a su rendre à l'image le réalisme de l'Amérique rurale des années 1930. Il a également travaillé sur Les Hauts de Hurlevent (1939), et sur Citizen Kane d'Orson Welles (1941), considéré comme l'un des meilleurs films jamais fait.
En adaptant le gagnant du prix Pulitzer de 1940, John Ford a réalisé un chef-d'oeuvre nommé dans sept catégories aux oscars et ayant remporté deux statuettes, celles du meilleur réalisateur et de la meilleure actrice dans un second rôle pour Jane Darwell.