1sur5 L'objet est réputé comme étant l'un des chefs-d'oeuvres du pape du nanar spaghetti, Bruno Mattéi, auteur notamment de Virus Cannibale. Ce dernier a présenté son bébé sous un de ses multiples pseudonymes, à savoir Vincent Dawn ; comme toute série Z intègre et fière de sa condition, le film lui-même a plusieurs titres, son deuxième nom étant "Les Mutants de la 2e humanité".
Et le nanardophile tient bien là une merveille dans le genre : Les rats de Manhattan, dont l'action se déroule dans un monde post-apocalyptique, n'est qu'une orgie de musiques ringardes, de raccords périmés, de blancs interminables (tenant lieu d'abstractions pour les ''biss(ot)eux'' les plus pervers), de blagues ou répliques vaseuses, de décors repompés sur un classique (Mad Max en l'occurence) et assemblés avec les moyens du bord, de cris débiles et de goûts douteux, sans compter les imposteurs de dernière zone incarnant des acteurs. Notons tout de même des effets artisanaux pas trop déshonorants pour l'époque et le contexte financier.
C'est réellement Les Inconnus soudain pris de pulsions de premier degré. Il n'y a aucun sens de la narration, ce qu'une hystérie simulée ne comble pas (les punks du XXIIIe agissent comme des maternelles en blouson noir) ; il y a ces pitschs métaphysiques sur les rats déblatérés par les personnages les plus stranges ; et puis tout l'art du dialogue "faux" et des chorégraphies "Arbre de Noel". En outre, le film est totalement déséquilibré, certaines scènes s'étalant sur une dizaine de minutes alors qu'il ne s'y passe rien de conséquent.
C'est un territoire ou l'ambition n'existe pas ; tout tourne en rond et à vide, autour de sosies de bikers et d'une armada de rats passifs dont on essaie vaguement de nous faire croire qu'elle représente la menace ultime.
Soyons lucides, seul un humanoide ivre au dernier degré peut suivre le film sans céder aux appels de l'accéléré, cette sirène salvatrice louant ses services lorsque votre persistance rétinienne se voit ainsi torpillée et balayée. C'est une épreuve, suffisamment hallucinante pour être tentée, mais vraiment, vraiment, difficilement surmontable. Le film est trop exécrable pour amuser sur la durée : tant d'ineptie, ça épate dix minutes, puis ça vous laisse KO. Les Rats de Manhattan est inoubliable pour les pires raisons du monde. Néanmoins, il faut le voir, ne serait-ce que pour ses élans solennels voir tragiques, ratages exorbités, ou plus encore pour ce final sidérant, rien que pour se dire "Ils ont osé!" car à ce moment là, la plèbe cinéphile s'incline.
Fanatique à l'encéphalogramme plat ou obscur porc cynique à la notoriété miraculeuse ? On ne pourra pas lui l'enlever, Mattéi est une énigme.
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