GI Joe est un demi ratage de Sommers, car même si ca reste un honnête blockbuster, il a quand même des défauts qui, avec son budget, ne mérite aucune indulgence.
Le casting est plutôt bon. Les acteurs sont investis, Channing Tatum notamment est solide, fait preuve d’un certain charisme, et colle plutôt bien au rôle. Il ne fait pas un gros travail de composition, mais ma foi il s’avère convaincant. A ses cotés une belle pléiades d’acteurs confirmés et de petits nouveaux. Je ne vais pas faire le détail de tous, car il y a un casting pléthorique, mais Marlon Wayans m’a heureusement surpris. Souvent trop cabotin dans ses films, il livre là une prestation beaucoup plus sérieuse, appliquée, et forme un bon duo avec Tatum. A noter aussi le jeu convaincant de Sienna Miller. Quelques « anciens » font aussi un bon travail, comme Quaid ou de façon plus discrète, Pryce. Coté mauvaise surprise, Eccleston, tantôt un peu fade, tantôt en surjeu, il ne donne pas l’impression de bien cerner son personnage.
Coté scénario, GI Joe a une histoire assez simple, c’est le cas de le dire, mais ce n’est pas un vilain défaut. Le problème vient surtout du mode de narration. Sommers n’a pas fait beaucoup d’effort sur les transitions, la fluidité de son film. Du coup on a l’impression que tout s’enchaine de façon, pardonnez l’expression « bordélique », et c’est dommage. Sommers n’arrive pas à donner la même allure à GI Joe qu’à Van Helsing à ce niveau là. Reste que c’est rythmé, sans temps mort, et ma foi le film offre à chacun de ses personnages quelques moments sympathiques, ce qui est un bel exploit compte tenu de la pléiade de personnages.
Sur la forme, le film est inégal. La mise en scène de Sommers est toujours d’une belle efficacité, c’est un fait, même si pour ma part il n’est pas là dans son meilleur. Parfois la copie est brouillonne, et toutes les scènes d’action ne sont pas égales en termes de qualité. Sommers en fait dès fois un peu trop, faisant virevolter sa caméra à outrance et ce n’est non seulement pas toujours lisible, mais surtout ca donne assez vite le tournis. La photographie est assez plaisante, mais le film avec ses 175 millions se devait de faire un minimum. Soyons honnête, il n’y a pas une grande recherche, et parfois on tombe dans les travers clinquants des blockbusters américains, mais enfin c’est correct. Quelques scènes sont un peu sombres, il convient de le préciser. Les décors en revanche sont très bons. Là-dessus il n’y a rien à redire. Grande variété de lieux, beaucoup de soin apporté sur leur rendu visuel, c’est très convaincant. Les effets spéciaux sont partagés. Comme souvent chez Sommers c’est la débauche de fx, et la surenchère constante. Dans l’ensemble GI Joe a d’excellents effets spéciaux, et des cascades très spectaculaires, c’est un fait. Maintenant, la fin ne suit pas du tout à ce niveau. Il y a des séquences sous-marines d’une laideur infâme, qui m’ont laissé croire un instant que j’étais dans Méga Shark versus Giant Octopus ! Je ne comprends pas comment il y a pu y avoir un tel laissé allé dans la dernière partie du film. A croire que le budget était épuisé ! C’est dommage de terminer ainsi sur une note qui fait tâche. En terme de musique c’est un peu léger pour un blockbuster de ce genre, c’est toujours bien pour un film à plus de 100 millions de se doter d’un thème fort, quelque chose qui marque, et autant Sylvestri avait fait un bande son puissante pour Van Helsing, autant là c’est assez passe-partout.
Pour conclure, GI Joe est un divertissement agréable, à condition d’adhérer à la surenchère désormais habituelle de Stephen Sommers. C’est loin d’être son meilleur film néanmoins. Trop brouillon, manquant de consistance, il sent aussi le produit commercial à plein nez, et ce n’est jamais bon. Il s’en sort néanmoins, s’appuyant sur des acteurs solides, un rythme qui ne faiblit jamais, et un travail formel correct en dépit de certaines lacunes, lorsque Sommers laisse échapper un peu son affaire et lorsque l’équipe des fx a décidé de sécher les cours. Pas mauvais, mais pas génial non plus.