Trois histoires très différentes avec toile de fond la capitale nippone.
« Interior design », par le Français Michel Gondry.
Cette fois, l'obsession du travail manuel est un peu mis en sourdine, tant mieux, on aurait pu croire à un système ou pire, une limitation du génial Français exilé pour toujours ailleurs qu'à Paris. Cette fois, c'est la vie de bohème et de galère des artistes maudits qui est transposée pour le pire et le rêve dans une capitale bien moins drôle que Paris.
Le personnage de la petite copine de l'artiste est donnée comme prototype de la femme japonaise soumise qui sait s'effacer face au salary man nippon, peut-être un peu caricatural sinon dépassé face aux bouleversements de ce pays ultra moderne, mais très poétique. La transmutation est dans le plus pur style Gondrien, avec la maîtrise technique qui empêche toute critique d'amateurisme. Super sympa, bien qu'un peu loufoque et limité.
« Merde à Tokyo ». Du Français Léo Carax.
Je n'aime pas Léo Carax, et ce « film » me le rend bien. Si l'on rit d'une farce de potache avec une maîtrise technique et un humour type jeune prodige sorti fraîchement de la Femis, on a du mal à digérer un travail laborieux, insultant de facilité intellectuelle et partant complètement en couille de la part d'un réalisateur chevronné et fantasque. Le parallèle est d'autant plus troublant que Gondry est le contraire exact de Carax, de la poésie mais pas de haine, de la beauté, mais pas de violence, de l'intelligence mais pas de hurlements, et une carrière prometteuse avec des réussites en chaîne malgré les sujets ambitieux ou improbables face à une attitude de looser et des sacrés casseroles.
Ce sketch pour ados boutonneux ou intellos ultra réactionnaires ou cinéphiles du non sens est caricatural de l'absence de consensus entre le réalisateur fou ou pitoyable et le spectateur qui aimerait sans doute plus de respect.
Dommage que ce soit ce réalisateur qui nous fasse redécouvrir « la » Dreyfus, totalement absente des écrans français ces derniers temps.
« Shaking Tokyo ». De Bong Joon-Ho.
Contrairement à Léo Carax, j'ai un excellent à priori sur Joon-Ho, réalisateur de « Memories of murder » et Monika n'est pas en reste avec son appréciation de « Barking Dogs never bites ». Ici, malgré le sujet pris dans une relative crudité et une simplicité de film d'auteur indé, la sauce prend rapidement, pour finir avec un message simple et poétiquement raconté.
Évidemment, c'est simpliste, facile par moment, mais la réalisation est magnifique, la photo superbe, l'idée bien tournée, hyper contemporaine, que du bonheur si l'on n'est pas trop exigeant. Et c'est sans doute le « court » métrage qui correspond le plus au type de formatage que l'on attendait de ce type de mix, les deux autres travaux des Français se plongeant dans de trop nombreuses idées et sont un peu longs.
Vivement que les distributeurs nous donnent en pâture d'autres films de ce réalisateur coréen qui doit avoir quelques perles ces 4 dernières années.
En tout cas, le monde et la langue japonaise, si proches par le cinéma qui hante Paris, nous semble encore plus cohérents avec ces trois courts métrages qui restent une sympathique découverte de la capitale Tokyo, vue par de petites fenêtres.