Le générique de fin annonce fièrement que ce qu’on vient de voir est « un film authentiquement mexicain ». Selon moi, mieux aurait valu tenter de l’attribuer à un pays hostile au Mexique ! On a l’impression que le réalisateur a filmé des kilomètres de rushes, qu’il a voulu tout garder, et qu’il les a ensuite assemblés au hasard, ou par l’intermédiaire d’un ordinateur détraqué, comme le fit Lars von Trier pour son dernier navet.
Le scénario ? Deux garçons lycéens, Jonas et Gerardo, s’aiment et se le prouvent sans arrêt. Mais, à force de les voir échanger des sourires niais, sans jamais prononcer un mot, et procéder à certaines activités annexes mais mal représentées (souvent, ces deux idiots gardent leur slip !), le spectateur en vient à souhaiter que la machine à générer du bonheur se grippe un tantinet. Cela ne tarde pas trop : comme dans la fable de La Fontaine, deux coqs vivaient en paix, puis un poulet survint. Mais à partir de là, on ne comprend plus rien : pourquoi, sur deux heures et vingt minutes, les ex-tourtereaux
se quittent-ils, pour se retrouver, se repousser, se sourire, se caresser, se repousser derechef, sans aucune logique, ni sur le plan des évènements, ni sur celui de l’avancée des sentiments ?
À la mièvrerie a succédé l’obscurité, donc la prétention. Pour ne rien arranger, le troisième larron n’est pas très attrayant, donc l’attirance qu’il exerce sur les deux garçons, tantôt l’un, tantôt l’autre, reste un mystère. Que ne s’envoient-ils en l’air à trois, ce serait plus simple !
Le tout est musiqué avec du violoncelle et du clavecin, comme dans les pires films français. Avec cela, une utilisation voyante de la caméra, qui tourne autour des personnages comme dans un film de Lelouch, et une voix off qui commente tout dans un style voulu poétique mais s’avérant ridicule. Répétons-le sans nous lasser, qui veut faire l’ange fait la bête.
Cette œuvre inoubliable, sortie chez nous le 16–mai, a été présentée dans un tas de festivals, car elle a visiblement été fabriquée pour cela. Mais le public gay que l’on visait ne s’est pas bousculé.