"Bienvenue chez les Ch’tis" : le méga succès populaire de Dany Boon qui rend tous ses films suivants plus ou moins décevants… Bon d’accord, nous savons tous que Dany Boon a signé là quelque chose de très personnel. Et quand on parle de quelque chose qui nous tient à cœur, ça se traduit souvent par une belle réussite. J’ai bien dit souvent hein, pas toujours. Dans le cas qui nous intéresse, ça en est une. Pourtant, "Bienvenue chez les Ch’tis" n’est pas exempt de clichés. Au contraire, il en est plein ! Par exemple, la pluie qui s’abat soudainement dès qu’on passe le panneau marquant la limite du Pas-de-Calais. Mais si ce film est bourré de préjugés, c’est pour mieux les contrecarrer à grands coups d’humanité, de tendresse et de nostalgie, ou par des subtilités qui nous échappent facilement, comme le fait qu’on ne verra plus la pluie de tout le film. Toujours est-il que le spectateur est invité à s’attarder sur le cas de Philippe Abrams, alors Directeur du bureau de Poste de Salon-de-Provence, en attente de mutation sur la Côte d’Azur pour… pour… ben je ne vous dirai pas car c’est justement ce qui va alimenter le déroulé de l’histoire. Toujours est-il que nous sommes bien dans le Sud de la France, et que le générique nous indique où nous allons finir. Ainsi commencent 106 minutes de plaisir, avec un Kad Merad en grande forme, visiblement beaucoup amusé par ce rôle participant malgré lui à la découverte de cette région souvent sous-estimée, pour ne pas dire mal aimée. Sans avoir à forcer son talent, l’acteur franco-algérien est le premier à dégainer les gags et donne par la même occasion le la à cette comédie simple mais gaie, où se côtoient bons sentiments, chaleur humaine, mais aussi une certaine méfiance des anciens vis-à-vis des « étrangers ». S’ensuivent des scènes succulentes, comme les premiers dialogues entre Antoine Bailleul (Dany Boon) et Philippe Abrams (quoique je trouve le dialogue sur les meubles un poil long), et… la tournée du facteur que je trouve culte ! Ma femme a été factrice (au moment où j’écris ces lignes, elle a quitté La Poste depuis quelques mois parce que la politique de l’entreprise ne lui convenait plus) et m’a assuré que les manies des postiers et clients n’ont été en rien exagérées : certains collègues régulièrement en retard, d’autres embauchant ou revenant de tournée éméchés, clients qui proposent systématiquement à boire (et ce n’est pas toujours pour un verre d’eau ou un café). Mais à côté de ça, il y en a qui sont sages, d’autres plus sérieux et compétents ou même tout simplement beaucoup moins aimables. Mais ce qui a fait que ce film fonctionne, c’est l’atmosphère qui ressort de ce film : la bonne humeur était au rendez-vous sur le tournage et ça se ressent, jusqu’à en être communicative ! Dans ces conditions, il n’est pas étonnant que ce long métrage ait reçu un tel succès, d’autant que le spectateur a l’impression d’avoir vu un bon film, avec en prime une sensation de bien-être. Et je ne parle même pas des nordistes, pour qui la plupart se voient satisfaits de voir tous ces préjugés cassés, d’autant que Zoé Félix participe largement à ces idées reçues par l’intermédiaire de son personnage, et tant pis si elle paraît parfois (souvent ?) un peu lourde. Paradoxalement, "Bienvenue chez les Ch’tis" est loin d’être parfait, contrairement à ce que le spectateur aurait pu croire dans un premier temps. En effet, au cours de visionnages ultérieurs, il s’apercevra de petites bévues, comme le fait que la gendarmerie puisse arrêter un contrevenant sur la bande d’arrêt d’urgence de l'autoroute. Dans la réalité, ils ne font jamais ça ! Au contraire, ils vous amènent soit à la prochaine sortie, soit à la première aire de repos. D’accord en même temps, on a affaire à Patrick Bosso dans la peau d’un gendarme un peu… un peu… ben vous verrez bien. Et il y a d’autres petits détails comme celui-là. Par exemple le feu arrière droit de la voiture d’Abrams cassé alors que c’est le côté gauche qui morfle… Mais bon, est-ce qu’on peut en vouloir à Dany Boon de s’être laissé aller à ces petites erreurs ? Non, parce que le plaisir du spectateur est bel et bien là et après tout, c'est tout ce qui compte.