Soyons francs : sans les Césars, jamais je n'aurais été voir ce film. En tout cas, pas de mon propre chef. Et comme personne autour de moi, je dis bien personne n'a vu ou ne m'a conseillé d'aller le voir, je serais allègrement passé à côté et ceci pour trois raisons :
premièrement, Yolande Moreau : je ne peux pas dire que je raffole de cette actrice qui me dérange un peu.
deuxièmement, Martin Provost : qui ça ?
troisièmement le titre : Séraphine. (oui, je sais que c'est une attitude un peu idiote mais il m'arrive, c'est vrai, de rater des films à cause d'un titre qui ne m'inspire pas. Comme il m'arrive aussi d'en voir à cause du titre.
Bref, en ce qui me concerne, trois raisons suffisantes pour bouder cette œuvre. Mais la raison principale (et pas des moindres) c'est que je n'avais tout simplement jamais entendu parler de ce film avant la cérémonie des Césars. Voilà bien le problème.
Rassurez-vous, je ne vais pas commencer ici une polémique sur la visibilité des films, sur la promotion outrancière de certains et la sortie dans l'anonymat et l'indifférence médiatique de certains autres. Ce qui n'implique pas non plus que les premiers soient forcément moins bons que les seconds. Passons. Le fait est qu'on rate parfois d'excellents films, et on est content d'être rappelés à l'ordre. Les Césars sont là pour ça. Non, j'exagère. Disons plutôt qu'ils sont aussi là pour ça. Leur mission - s'ils devaient en avoir une - n'est pas forcément de valider un succès public. De toute façon, à quelques exceptions près, la plupart du temps, c'est ce qu'ils font. Mais lorsque les Césars ou plutôt lorsque les professionnels (puisqu'il s'agit bien d'eux) usent de leur notoriété, de leur visibilité, de leur crédibilité pour mettre un coup de projecteur sur un grand "petit "film, alors c'est bien. Un coup de projecteur qui apparaît comme un coup de main, un coup de pouce, et enfin le mot "famille" retrouve du sens dans ce drôle d'univers impitoyable. Le cinéma, c'est des entrées, des chiffres, des stars, des sujets forts, puissants, à la mode etc. d'accord. Mais, c'est aussi des œuvres plus discrètes, plus difficiles, plus lentes. Moins immédiates. Moins "payantes". Plus exigeantes, quoi.
SÉRAPHINE fait partie de ces œuvres-là. Je ne vais pas vous raconter l'histoire. Si vous ne l'avez pas vu, vous en savez donc autant que moi quand je suis entré dans la salle : c'est à dire rien ou très peu. Et c'est bien suffisant. Inutile de savoir de quoi les films parlent. Au fond, toutes ces promos nous gâchent le plaisir de la découverte. Là, vous ne savez rien et c'est très bien comme ça. Alors, faites confiance. Sachez seulement que c'est un beau film, avec un sujet original et touchant. Sachez que c'est très bien joué. Sachez aussi que Yolande Moreau est une actrice singulière et rare, vraiment unique en son genre ; que ce qu'elle fait dans ce rôle est assez incroyable et qu'il faut aller voir le film aussi pour elle.