De Séraphine Louis – 2 prénoms formant un nom simple (comme les enfants abandonnés, jadis) à Séraphine de Senlis, un nom à particule plein de poésie, quel chemin à la Zola !!
Le film qui narre une vie misérable, la rend admirable, c’est là tout l’art du réalisateur, de son équipe et des acteurs.
D’abord l’affiche ; à la Renoir, un champ collineux, une silhouette dynamique sous son canotier, un panier et un pépin à la Bécassine, sous un doux ciel gris, dans l’herbe.
L’affiche est un tableau de maître à elle toute seule.
Le film pose 2 questions; « Comment, pourquoi, dans ces conditions, sans culture, n’ayant sous les yeux que les images religieuses mais aussi la nature, un tel « intérieur » artistique, une telle expression, une pareille réussite ? Et pourquoi un tel oubli ? »
Vraiment dommage que Wilhelm Uhde n’ait pas pu « sortir » Séraphine comme Picasso, Braque, Rousseau etc.. Séraphine, simple, innocente, discrète, l’œil aigu, pleine de secrets, en possession de grandes connaissances et qualités artistiques sans le savoir, en s’en cachant même. Volant du temps, se privant de manger pour ses secrets de peinture que sont la terre, les plantes tinctoriales, des herbes, de la bougie (« dérobée » à Dieu, avec son regard angélique, séraphin), du sang de chez le boucher. Des ongles noirs de travail pour une peinture aérienne, exhubérante foisonnante, un peu baroque Séraphine, souple d’esprit et de corps pour servir, s’asservir, travailler à quatre pattes avec la paille de fer sur le parquet, souple pour se taire, souple pour faire plaisir, mais entêtée, digne, fière, obstinée pour peindre.
Séraphine contemporaine de Camille Claudel, morte comme elle de faim et de folie dans un asile, pendant l’occupation ; cette folie n’est –elle pas la faim, faim d’amour, de liberté ? ; presque 80 ans d’enfermement, d’interdits, d’isolement- servitude chez les autres ,20 ans de couvent ça laisse des traces.Ce film est un cadeau pour tout le monde, un bijou; un tableau de maît