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Vladimir.Potsch
20 abonnés
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5,0
Publiée le 29 septembre 2006
Chaque film est un nouveau tour de force pour Manoel de Oliveira, comme en témoigne Fransisca (1981), histoire dun amour impossible entre deux hommes et une femme incapable de sonder ses sentiments. Ce long film, dernier volet de la trilogie des "amours frustrées", ne peut séduire que si l'on accepte le parti pris de l'auteur : seul le texte, au demeurant très riche, exprime les sentiments des personnages. Ceux ci sont donc réduits à réciter des aphorismes, parfois face à la caméra, et à montrer le moins possible leurs sentiments. Autant dire quune attention soutenue au texte, ainsi quà la composition des plans, est nécessaire pour comprendre la richesse du procédé. On est surpris, une fois de plus, de constater à quel point Oliveira est sûr de son fait. L'intelligence des dialogues reflète la profondeur des sentiments, bien mieux sans doute que ne pourrait le faire l'expressivité des acteurs. La fin du film, qui voit la jeune femme perdre l'envie de vivre en gardant le secret de ses sentiments véritables, est une longue et touchante complainte qui justifie le procédé par sa grande force émotionnelle. Lactrice Teresa Menezes est pour beaucoup dans cette réussite.
La ressortie en salle de " Francisca" (1981), longtemps quasi invisible, bien que pourtant il soit (selon moi), un des meilleurs opus de Manoel De Oliveira (décédé en 2015 à 106 ans) permet d'évaluer son importance et sa pérennité quarante ans après sa sortie.
Le scénario est tiré d'un fait réel qui marqua la vie de Camilo Branco ( peut-être le plus important romancier portugais du XIX e siècle), il avait un lien de parenté avec l'épouse du cinéaste.
Il s'agit d'une histoire d'amour " contrariée " entre un noble désargenté, ami de l'écrivain et une jeune femme anglaise dont la famille influente était proche du pouvoir portugais.
Proche du théâtre filmé, constitué de scènes successives de dialogues ( d'ailleurs les sous titres ne sont pas toujours formidables dans la retranscription des dialogues et contribuent malheureusement parfois à opacifier inutilement les échanges),
Le spectateur essaiera de comprendre et d'analyser l'absurdité ( pourtant réelle) du jeune homme dont le rapport qu'il entretient à l'amour lui vaudra un destin funeste ou il entraînera son épouse infortunée.
Ce destin tragique laisse supposer qu'une névrose pas ordinaire anime l'étrangeté de son comportement.
L'amateur de cinéma d'auteur ne laissera pas passer cet opus d'Oliveira , sans doute son opus le plus réussi après " amour de perdition " et " Val Abraham ".
Le bémol le plus notable que je ferais au film est sa photo qui n'est globalement pas réussie.