La famille Dedalus doit faire face à des moments douloureux. Abel et Junon, les parents, ont eu 4 enfants. L’aîné est décédé d’une maladie rare dès l’enfance. Les deux suivants, adultes, ne se parlent plus et on ne sait pourquoi. Le petit dernier est le réel lien entre tous les membres de cette famille. Junon, la mère, hérite aussi de la maladie rare de son fils. La famille se réunit à cette occasion. Il faut trouver un donneur de moelle compatible au sein de la famille. On suit donc cette famille bancale durant les quelques jours entourant Noël.
Encensé par toute la critique qui compare cette œuvre à Nietzche, Tchekhov, et cinématographiquement à Bergman. Même si l’écriture est fine, le film est froid, scolaire, ennuyeux. Desplechin offre un film qui plaira aux bobos intellos. Les références sont nombreuses, mais aux accents poseur. A déployer ces effets littéraires, il en oublie complètement les actes, les gestes, la dramaturgie des grandes passions humaines (amour, haine, colère, vice,…). De fait, lorsqu’ils s’envoient des vacheries remettant en question jusqu’à l’amour filiale, çà ne nous fait jamais ni chaud ni froid.
La branlette intellectuelle et littéraire commence par le nom des personnages. Les références à la littérature ou à la mythologie ne manquent pas. On commence par le père, Abel, dont le nom évoque bien sûr l’histoire de Caïn et Abel, la lutte fratricide originelle… A noter qu’en hébreu, le nom signifierait « existence précaire », ici parfait écho à l’ombre de la mort qui plane sur les personnages. Le choix du prénom Junon pour le personnage incarné par Catherine Deneuve : la déesse antique était à la fois la sœur jumelle et la femme de Jupiter (une sorte d’inceste, donc, et une piste potentielle pour expliquer la brouille entre Elisabeth et Henri…) De cette union sont nés quatre enfants : Mars (Dieu de la guerre), Juventas (Déesse de la jeunesse, et principalement du passage à l’âge adulte), Lucine (Déesse de l’enfantement, et principalement des douleurs de l’enfantement) et Vulcain (Dieu du feu, né difforme et expulsé de l’Olympe par Junon avant de revenir se venger et lui jouer un mauvais tour, des années après).Les particularités de ces quatre dieux semblent bien coller avec les personnages du film de Desplechin : Vulcain fait penser à Henri, le banni, rejeté par sa mère/sa sœur ; la douleur liée à la perte d’un enfant – ou à un enfant ? – sont évoquées par Elisabeth lors de la séance chez son psy, au début du film ; Ivan, gamin timide métamorphosé en père de famille responsable quelques années plus tard, sous l’influence de sa femme Sylvia, semble faire référence à Juventas…
Mais voilà, on n’est pas dans l’Antiquité. Et pourtant ces personnages sont peu incarnés, ils ressemblent à des images pieuses de ces Dieux. Il y avait pourtant matière. Exemples : le ton sur lequel la mère dit à son fils qu'elle ne l'a jamais aimé, le ton sur lequel son fils lui réplique qu'il ne l'a jamais aimée, et sur lequel ils concluent qu'ils ne se sont jamais aimés ; ou le ton sur lequel la mère dit (à sa belle-fille de passage - Emmanuelle Devos) qu'elle se demande ce que vaut son fils au lit ; ou sur lequel le frère faible et sympa (Melvil Poupaud) demande à son frère s'il a couché avec sa sœur, ce qui expliquerait la haine de cette dernière à son égard, « ce qui serait plus simple ». Mais un certain cinéma français trouve élitiste de prendre de la distance par rapport avec son sujet, mais si le contenu est totalement hermétique, à quoi bon.
Très artificiel et sans grand intérêt si ce n’est que Desplechin est un vrai cinéaste. . En vrac : adresses à la caméra, filmage en macro de cellules microscopiques, image mentale, extraits de films hollywoodiens, bibliques ou pas, voix off, ombres chinoises, montages parallèles,… Il utilise au maximum les possibilités de son art.
Les critiques intellos Parisiens, décentrez vous sérieusement et posez vous une question basiques : « Où est l’émotion ici ? »