Imaginez qu’un jour votre meilleur ami vous invite à dormir chez lui…
Mais c’est un ami très particulier ! Il insiste pour vous dévoiler les petits secrets de sa maison…
Il vous fait admirer l’endroit où ses shortys, ses slips sont rangés… Et il vous les expose un à un ! Il montre ensuite la panière à linge sale et vous prie de regarder en détail les vêtements qu’elle contient… Puis la vaisselle de la cuisine, celle qui est lavée et celle qui ne l’est pas… Sa chambre ensuite, en précisant ce qui s’y passe...
Puis les photos intimes…
Un déballage complet : la goutte du grand père, les crises d’angoisse de la maitresse de maison, la bonne neurasthénique, le champagne éventé…
Vous serez sans doute d’abord amusé puis l’exposition s’éternisant, vous vous sentirez gêné, ennuyé, mal à l’aise !
C’est exactement l’impression que j’a...i ressenti en regardant « Un conte de Noël » d’Arnaud Desplechin….
J’aurai dû me méfier… Toute la presse bobo et bourgeoise est entichée de l’Arnaud… Allez voir sur Allocine : de Charlie Hebdo à Télérama , en passant par les Inrock, le Figaroscope ou le Monde, tous décernent la note maximale à l’œuvre « géniale » du réalisateur omni présent à Canne… Il doit avoir le bras long, l’Arnaud !
Suffit-il de citer Nietzsche, de pérorer sur les chances de survie d’une personne atteinte du cancer, de nous offrir des images de cellules entrain de se diviser, de parler calcul intégral et dysplasie pour paraître intelligent ???
Suffit-il de nous servir en bribes séparées par des cartons l’histoire décousue d’une famille «brillante», « lettrée », « musicienne » et terriblement bourgeoise sur fond de concepts psycho-philosophico-généalogico-maladifs fumeux et… péremptoires pour ressembler à Truffaut, à Bergman ?
Suffit-il d’user de trucs « nouvelle vague », ouverture/fermeture à l’iris, gros plans massifs, caméra bougée, flous artistiques, musique bruyante étouffant le dialogue pour être moderne ?
Avez-vous regardé "Séraphine" de Martin Provost? Fondus enchaînés, plans fixes, lointains servent ici une modernité sans flafla!
Il m’est pénible de le constater pour un cinéaste que l’on dit servir un cinéma d’auteur typiquement français mais je n’ai pas aimé ce « Conte de Noël »…
D’ordinaire j’aime les films si créatifs et si originaux produits en France… Ils sont si décriés par un public adicte, drogué par la vulgarité des blockbusters… Ce cinéma intelligent servi de longue date par des réalisateurs tels que Truffaut, Eustache, Blier, Tavernier, Garrel, Bouchareb, Cantet, Amalric doit être défendu!
Mais je crois que Desplechin, icône d’un cinéma dit « difficile » et intello, navigue sur une forme de snobisme.
Et « Conte de Noël » est le type même du film qu’il faut louer pour ne pas passer, au yeux d’une petite élite auto déclarée, pour un crétin…
Ce film choral, parce qu’il est choral justement, sent l’approbation anticipée…
Alors le scénario déroule une intrigue des plus dispersées, des situations à la limite caricaturales, des personnages clichés qui mégotent tous et picolent, des dialogues lourdement écrits et par trop littéraires….
Pire, le découpage en chapitre et les intermèdes où les personnages seuls face à la caméra sont sensés éclairer l’intrigue alourdissent incroyablement ce film touffu et sont redondants avec l’action exposée…
Redondants au risque de suggérer qu’il est nécessaire de faire un peu de didactique car le spectateur est si bête !
Mal de tête !
Enfin le jeu des acteurs… Surtout Deneuve dont la diction, le maniérisme, les mimiques stéréotypées relèvent d’une froideur polaire…
Stop ! Je viens dépasser ma page d’écriture…
Une conclusion rapide : Film long, maniéré, théâtreux, languissant en vase clos, intriguant mais aussi gonflant, étouffant et nombriliste (filmothérapie pour son auteur ?).
Film qui, néanmoins, a cependant l’avantage de susciter une réflexion sur le rôle du cinéma….
PAS CHIANT MAIS TELLEMENT LONG ET TELLEMENT GRAVE ET AMPOULé !