"La vérité si je mens !" est la vitrine parfaite de ce qui se fait dans le cinéma français : du bon et du moins bon. A travers son film, Thomas Gilou dresse un portrait caricatural des juifs pour en faire une comédie populaire. Et ça a marché, puisque sa réalisation a réuni près de 5 millions de spectateurs dans les salles. Le scénario a été bâti pour égratigner ce que bon nombre de personnes pense tout bas : que les juifs ne vivent que par la volonté de gagner de l’argent et de régir le monde qui les entoure. Mais sont-ils les seuls ? La réponse est non, il suffit de regarder autour de soi et le personnage incarné par Richard Anconina. Mais pour rendre ce long métrage politiquement correct, le traitement est, comme je le disais plus haut, poussé vers la caricature. Cela offre l’avantage d’avoir des personnages hauts en couleurs, de nous gratifier de quelques répliques cultes dont certaines se sont rapidement déplacées dans les cités. Mais avec l’infiltration involontaire d’un non-juif (autrement dit un goy) dans la communauté juive, cela amène quelques quiproquos bien amenés, notamment lorsqu’Eddie est invité à partager le repas avec les parents de Dov (Vincent Elbaz). Ainsi le spectateur est invité à découvrir ou à redécouvrir la culture juive sous un jour nouveau par le biais de personnages aussi loufoques les uns que les autres, avec un goût prononcé pour l’argent... et le cul ! Si je trouve l’intention pas mal du tout à la base, je déplore le grossissement des traits descriptifs de certains personnages. Et quand je dis grossissement des traits, un nom sort du lot : Serge Benamou, interprété par un José Garcia survolté. D’ailleurs, en regardant la filmographie de ce comédien, on se rend compte que ce genre de personnage va la plupart du temps le poursuivre. Car il nous sert très souvent la même chose, et rares sont les fois où il sortira de ce sentier battu (par exemple "GAL", ou "La boîte noire"), sans grand succès, cela dit… Pardonnez-moi, mais moi… à force de le voir toujours dans le même registre, à la longue, ça m’insupporte. Bref ! Passons. Le petit côté burlesque omniprésent pour cacher le propos politiquement incorrect (le communautarisme des juifs, par exemple) fait que "La vérité si je mens !" doit se regarder au second degré, à condition d’y arriver. Si vous êtes terre à terre, vous n’accrocherez pas et ne comprendrez même pas comment ce film a eu autant de succès. Déjà que moi j’ai du mal… parce que ce petit côté burlesque omniprésent reste finalement assez linéaire et devient à la longue assommant, tuant ainsi la drôlerie de certaines situations dans l’œuf. Autant dire que je suis comme l’internaute cinéphile Renger : je ne peux pas dire que j’ai ri à gorge déployée. Personnellement, j’aurai aimé plus de finesse, sans pour autant enlever le statut de pure comédie au film (comme on a su le faire bien des années plus tard avec "Intouchables", bien que sachant pertinemment que le thème n’est pas du tout le même), ou préféré un traitement tourné résolument vers le burlesque (là où réside la réussite de "Brice de Nice"). Tel est mon avis, et tant pis si je me fais des ennemis. J’assume, quelque part rassuré que je suis par la note moyenne donnée par l’ensemble des spectateurs.