Quel dommage qu’il y ait eu toute cette violente polémique, et ces interminables procédures entre le réalisateur, Keaton, et les producteurs du film. Car, s’il n’a pas été un franc succès commercial, The Merry Gentleman n’en reste pas moins une belle réussite artistique. Le charisme subtil de Kelly Macdonald y est pour beaucoup. Sans falbala, l’actrice écossaise fait feu de tous bois. Son accent, sa sobriété, son humour pince sans rire, ses mimiques ingénues, du très grand art ! A côté de cela, Keaton, l’acteur, ne déçoit pas non plus. Egalement très sobre, contrairement à ses habitudes, l’acteur nous produit une de ses meilleures performances. Taciturne, morose, suicidaire, mais en même temps, aussi mortel qu’un crotale. L’autre atout du film reste son humour. L’humour subtilement décalé de plusieurs situations. Et une fine spiritualité dans le choix des répliques, avec ici et là, une touche poétique, ou symbolique, dans de nombreuses scènes.
Dernier point à noter : double sottise des traducteurs du titre en Français. Sottise numéro 1 : traduire un titre anglais par un autre titre anglais. Traduction qui, en plus n’éclaire en rien la personnalité du personnage « gentleman ». The Merry Gentleman faisait un clin d’œil sarcastique à Noël. On se souhaite « Merry Christmas » à plusieurs occasions dans le film, avec des cadeaux, sauf que, ce gentleman-là, n’offre pas que des cadeaux). Sottise numéro 2 : passer à côté du jeu de mot sur merry (=joyeux). Le Gentleman est tout le contraire de « merry ». Mais peut-être à t’il ses raisons. « Un Bien Joyeux Monsieur » aurait passé comme une lettre à la poste.