Abandonné par Daren Aronofsky au profit de « Black Swan », « The Fighter » se retrouve dirigé par David O. Russell, sans projet depuis son échec commercial en 2004 avec « J’adore Huckabees », le dernier de ses quatre longs métrages. Comme se sont tous des comédies, le choix du metteur en scène semble tenir du hasard. C’est oublier que Mark Wahlberg qui produit le film, a joué dans « Three Kings » dix ans plus tôt. Comme dans « Thrre Kings », dès le générique le spectateur est frappé par le réalisme de cette Amérique des petites gens, qui se battent pour survivre au quotidien. Très factuel et sans jugement, tout sonne juste. Des bars et des salles aux rings, des relations humaines et drames familiaux, aux combats et leurs lots d’espoirs et de déceptions. Micky Ward est interprété par un Mark Wahlberg qui s’est entraîné trois ans pour aboutir à des combats crédibles, peut être les scènes de boxe les mieux filmées à ce jour (loin des Rocky et la pluie de coups invraisemblable échangée, par des poids lourds !!). Mais en dehors de la tension permanente du film, de l’intensité des situations magistralement filmées, du choix musical pertinent, l’interprétation de Christian Bale (très amaigri pour le rôle) est simplement géniale. Addict au crack et peu fiable, grande gueule énervante, matamore des occasions ratées, sa rédemption n’en est que plus touchante et sa sobriété finale est un grand moment d’émotion et de cinéma. De même l’autre combat, entre une mère aveuglée par l’amour qu’elle porte au plus vulnérable et la fiancée de Micky, les performances respectives de Melissa Leo, méconnaissable, et de la sexy Amy Adam apportent une dimension supplémentaire quant aux enjeux décrits ici. Malheureusement, le choix des sœurs, censé représenter une respiration au milieu de toutes ces pressions, se perd dans la lourdeur, qu’un montage plus adéquat aurait sans doute évitée. Le tout est néanmoins un énorme film de boxe, surpassant le très bon « Ali » de Michael Mann, référence des dix dernières années.