Fighter est un sacré film, un espèce d'ovni dans le paysage cinématographique de ces derniers mois. On aurait pu croire à un film ultra hollywoodien, cliché, avec une morale bien à l'américaine du type, "quand on veut, on peut". Fighter est bien plus profond que cela. Ce n'est pas un film de boxe. Les rares scènes où le personnage principal enfile ses gants sont courtes, ultra intenses, et jamais envahissantes. Le combat n'a pas lieu sur le ring, mais bel et bien entre ses soeurs (monstrueuses), son frère borderline et sa mère arriviste au possible. Ces scènes intimistes, filmées avec une extrême sobriété sont très réussies (notamment la scène du restaurant). Bref, Fighter n'a pas besoin de musique larmoyante, de pleurs de ses acteurs pour nous émouvoir. D'emblée, on éprouve une grande empathie pour le personnage de Wahlberg. Sur le ring, on prend les coups en même temps que lui. Autour de lui gravitent de sacrés acteurs. Christian Bale (pitié, cessez de rappeler sa perte de poids, ce n'est pas le plus marquant !) est tout simplement extraordinaire, on le sent totalement habité par le rôle, avec son regard de taré et en même temps, on croit vraiment à la sincérité de ses sentiments quant à son frère. Melissa Leo et Amy Adams sont également particulièrement justes. Certes, Wahlberg est plus discret. C'est assez paradoxal puisqu'il est le personnage principal. Difficile de vraiment briller avec un personnage assez "normal" si on le compare aux autres. Mais, il est un peu comme un punching ball (comparaison ô combien poétique, je sais !) qui se prend à la fois les coups de ses adversaires et ceux de sa propre famille. Il est le lien entre tous ces personnages, le fondement même de cette histoire. Sans Wahlberg, le film ne serait qu'un défilé de grands névrosés ! Ajoutez à cela une photographie réussie, une bonne bande originale très rock, un rythme soutenu et vous obtiendrez ce très bon film qui n'a malheureusement pas eu le succès mérité.