Quelle claque !! Mélange de satire politique, de saga gangstérienne, de fantastique et de mysticisme, AMER BETON colle le frisson. Couleurs, montage, dialogues...Ca vous remplit le coeur d'une joie indescriptible, vous fait pleurer, vous fait rire, vous fout sur les rotules... C'est du grand Cinéma, point barre. Jamais auparavant l'animation 2D n'avait atteint un tel niveau de fluidité, d'aisance. Affranchie de tous complexes, la caméra joue avec les échelles et les proportions (personnages, décors, détails...TOUT y passe) comme avec un yoyo, élargit la profondeur de champ jusqu'a nous faire oublier l'horizon, étale une palettes de couleurs vivifiantes, harmonieuses, et trouve le moyen de transformer un microcosme en véritable organisme. C'est simple : AMER BETON est un film vivant, au sens littéral du terme, dont chaque recoin est rempli de détails qui contribuent à la beauté irréelle de cet univers inédit. Et le script est idem : chaque scène est plus belle, plus surprenante, plus onirique que la précédante. Et tout ça pour quoi ? Pour nous conter l'histoire de Noir et Blanc, deux petites teignes "ensemble pour toujours", qui règnent sur leur quartier, qui sera bientôt convoité par un yakuza diabolique. Dans le manga, chaque personnage ou presque trouvait son pendant animalier au détour d'une case. Si ce caractère est moins mis en avant dans le film, AMER BETON conserve toute sa force symbolique, et ne parle au final que d'amitié et de nostalgie, de respect et d'attachement à ses racines. Des thèmes mille fois explorés ailleurs, qu'Arias réactualise dans un monde qui n'appartient qu'à lui et à sa mise en scène enlevée, virevoltante et planante. Un film magique, hors du temps et des modes, capable de surprendre un peu plus à chaque plan. Une oeuvre extraordianaire, voyage intemporel et fascinant que je ne suis pas près d'oublier...