Avant de se prononcer sur la qualité de cette réalisation, il est important de préciser et/ou de rappeler 2 ou 3 notions concernant ce film. Ce film est basé sur l’ouvrage de Hunter S. Thompson, figure du journalisme des années 60, 70, américain originaire du Kentucky, original pour le moins, décalé, certainement et inventeur du journalisme gonzo.
Il a fait par ailleurs les joies des lectures adolescentes d’un certain Johnny Depp, lui aussi originaire de ce très particulier Kentucky et original par ailleurs, ne serait-ce que dans son œuvre et ses choix. La vie les a fait se croiser et une amitié forte est née. Rhum express est donc joué par J Depp, mais aussi produit par lui, comme la promesse qu’ils s’étaient faits tous les deux, un soir au fond de la cave du premier.
Hunter S. Thompson
Le gonzo est cet art journalistique qui consiste à rédiger des articles ultra subjectifs, à la première personne, (le fameux ‘’Je’’) et de se permettre toutes les libertés, y compris parfois l’outrance, de préférence en immersion de l’univers que l’on souhaite évoquer. C’est d’ailleurs une part du profil de Hunter S. Thompson, l’outrance et la provocation, adepte des alcools forts, de soirées de beuveries et parfois utilisateur de substances fortement prohibées par la loi.
Hunter
Thompson sera notamment connu par son immersion au sein des Hell’s Angels, adoptant les mœurs, le mode de vie, ce qui donnera un livre, (ndlr : Hell's Angels: The Strange and Terrible Saga of the Outlaw Motorcycle Gangs), prémices du gonzo journalisme.
La première expérience cinématographique Thompson/Depp sera tirée du livre Fear and Loathing in Las Vegas: a Savage Journey to the Heart of the American Dream (1972), titre français Las Vegas Parano, réalisé par un certain Terry Gilliam en 1998.
Auparavant en 1980, une version avec Bill Murray dans le rôle de Thompson et Peter Boyle, Where the Buffalo roam obtient un succès plutôt relatif.
L'affiche
Ainsi donc, ce beau sujet tient particulièrement à cœur de J Depp et c’est pourquoi il en est un des principaux producteurs. Rhum express est un film particulier réalisé par Bruce Robinson, sur son propre scénario. Une mise en bouche plutôt soutenue et le film tombe dans un rythme assez particulier, lent, un peu comme une gueule de bois parfois.
Il reste difficile de traduire à l’écran une profonde inspiration scripturale, empreinte d’une créativité exceptionnelle et d’un univers aussi incroyable que particulier. Johnny Depp tient beaucoup le film et est secondé dans cet exploit par 2 personnalités aussi différentes qu’attractives. En dehors d’Aaron Eckhart et de Michael Rispoli dans le tempo, J Depp bénéficie en premier lieu de la beauté naturelle et outrancière d’Amber Heard. Elle est divine et ne joue pas que sur un physique de rêve tellement sa beauté naturelle prend le pas sur la sophistication de certaines actrices tellement retouchées que l’on en oublie leurs prénoms….
Parlons ensuite de Giovanni Ribisi dans le rôle Moburg. Il traduit à lui seul l’ambiance, la situation, le quotidien, l’absence de limites, l’univers plus que particulier autant qu’exceptionnel. On adhère ou pas à cette attitude, à ce sens de la dérision, voire de la déchéance maniérée, il reste un personnage entier digne des romans d’Hemingway.
Giovanni Ribisi
J’ai aimé ce film, même s’il aura du mal à s’imposer et à faire passer la vision du gonzo concerné.
Ce film tribute vaut le détour et me pousse instinctivement à revoir Las Vegas Parano. J’ai retrouvé aussi J Depp que j’avais tellement perdu dans la version lamentable de l’excellent film français Anthony Zimmer, The Tourist, film aussi approximatif que sa méforme à ce moment là. A voir donc, surtout si Las Vegas Parano vous a laissé un certain souvenir.