Blue ray : Vu et avis le 20210624
Film impeccable, continue à pouvoir se voir 85 ans après avec toujours autant de plaisir
En tout premier, je signale l'excellent commentaire de Jean-Jacques Beineix "Un temps comté" qui donne de très bonnes choses à remarquer dans le film, en particulier le travail sur le son (puisque c'est le premier film parlant d'Ozu et sa remarque sur ce à quoi on aurait pu s'attendre qu'Ozu n'a justement pas fait) et les petites scènes qui précédent la minute 50. Pour une fois qu'un complément parle de cinéma, de technique, explique quoi remarquer dans un film.
Pour ce qui est de mes commentaires propres sur le film. J'ai admiré la première image de 1936, l'usine de soie, complétement modernisée par rapport à 1923. En une image, beaucoup est dit. Le temps qui a passé, ceux qui ont connu l'époque précédente qui sont devenus obsolètes, industrialisation du Japon.
Je ne sais pas si c'était l'intention d'Ozu (peut-être que c'est juste ainsi que l'enseignement se passait à l'époque), mais j'ai eu l'impression que le film montre le peu d'investissement de Ryosuke dans son travail. Il répond à l'élève qui lui pose une question, mais il faut que l'élève lui en pose une ; il abandonne son cours en plein milieu pour aller emprunter de l'argent, il réfléchit et regarde par la fenêtre, ... Ryosuke est défaitiste, déçu et désabusé.
Tomi (l'enfant qui est bon en géographie) : on lui a fait des promesses pour qu'il apprenne bien à l'école. Il a appris des choses sur Shinshu, mais à quoi cela va t-il lui servir ?
Après le départ de la mère, j'ai remarqué que la manche de la chemise de costume est élimé ; les demi vérités de la mère sur son fils.
Enfin il y a le plan de la traversée des ponts, vers 16'45. L'image est centrée sur le phare et l'on voit un peu la ville par les côté du phare, et entre autre entre le phare et la carrosserie de la voiture. Le plan ne présente pas grand intérêt à mes yeux, je ne le trouve pas beau. Mais je l'ai trouvé très étonnant, et même audacieux de proposer une telle image, de l'avoir tourné ainsi. Ce n'est peut-être pas réussi, mais quelle idée de l'avoir tentée ! J'ai bien compris que c'est la caméra au ras du tatami adapté à la voiture, mais il aurait pu la mettre sur le toit de la voiture, sur le capot, filmer par la fenêtre arrière, ...
Bien entendu, toute la clé du film réside dans le passage à l’hôpital avec la mère qui dit que s'il n'y avait pas eu ce passage à l’hôpital, elle aurait été bien plus déçue par son fils qu'elle ne l'est finalement, réellement.
Le commentaire de Jean-Jacques Beineix fait un réel apport de qualité au film. Les 5 premières minutes sont un peu un plagiat du film, des choses plus ou moins éculées mais ensuite, il y a une vraie analyse je pense. Des commentaires sur des choses que l'on a pu percevoir sans les remarquer.