En le considérant comme une étude de moeurs réaliste, le film de Karim Dridi perd une grande part de son caractère fictif. Le personnage principal, un jeune algérien, existe moins par lui-même (de sorte que la crise qu'il traverse semble un effet dramatique pas très utile) qu'en tant que témoin actif du microcosme marseillais où se déroule le sujet. Ismaël et son jeune frère, en route pour s'installer en Algérie, font une halte dans leur famille marseillaise. Vont-ils ou doivent-ils poursuivre leur route vers un pays qui n'est pas le leur. C'est la question qui se pose tout au long d'un film qui aborde, de façon brutale parfois, pittoresque en d'autres moments, la condition de l'enfant d'immigré. Didri n'élude rien du racisme ordinaire et, avec beaucoup d'acuité, de sensibilité, décrit la relation, dans un quartier populaire et délabré, entre le prolétariat marseillais et la communauté arabe, une promiscuité soumise à des soubresauts d'intolérance. La drogue, le chômage, le flou identitaire sont les thèmes incontournables mais jamais convenus qui décident des comportements de chacun. Les comédiens sont excellents.
Dridi invente avec l'aide d'un remarquable photographe, l'Anglais John Matthieson (déjà inspiré sur Pigalle), un glamour très spécial, illuminé de visions, traversé de flamboiements, où le léché de l'image ne vitrifie pas ses objets des prolos dans une ville-chantier mais s'attache au contraire à leur prêter une couleur toujours plus désirable. C'est que Bye-Bye veut envisager la vie comme une ardeur (à resserrer les liens) et un entêtement (à les rompre aussitôt). Et cet enthousiasme, n'en déplaise aux âmes prudes qui s'offusqueront peut-être de tel gamin explosé au crack, a valeur morale .
Le réalisateur nous fait partager la vie d'une famille qui vit dans un quartier de Marseille. Les joies et surtout les peines sont évoquées avec beaucoup de réalisme. Beaucoup de thèmes abordés : l'argent, la drogue, le racisme et l'amour se croisent dans les rues de Marseille...