Contre toute apparence (titre et casting), "Taken" n’est pas un film américain écrit et réalisé par des français, mais bien un film français qui s’est offert le luxe de se payer des acteurs de renom du cinéma outre-Atlantique (l’irlandais Liam Neeson et la néerlandaise Famke Janssen). Si, si ! Et quand on s’aperçoit que c’est Pierre Morel qui l’a réalisé, à qui on doit le très bon "Banlieue 13", et vu le pitch, le spectateur est en droit de s’attendre à un bon film d’action bien rythmé. Et c’est le cas ! De l’action, il y en a oui... et question rythme, ça décoiffe ! Oh bien sûr, c’est loin d’être parfait. Ne soyons pas trop chauvins, quand même. Le spectateur puriste remarquera sans aucun doute qu’il manque une foule de détails qui rendrait la traque plus vraisemblable, notamment à son début. Il est vrai que le film n’en aurait été que meilleur, moyennant une rallonge d’au moins 15 à 20 minutes supplémentaires. Mais "Taken" se veut clairement distrayant, sans trop donner à réfléchir, et c’est pleinement assumé. Ce film va directement à l'essentiel, ce qui parait plus ou moins conforme par rapport à l'urgence de la situation. En tout cas, si nous étions à la place de Brian Mills, nous ne réfléchirions pas non plus pendant 107 ans et foncerions dans le tas tête baissée. Mais revenons du point de vue du spectateur : ce long métrage capte efficacement l’attention sur la relation père/fille, alors en pleine reconstruction. La plupart des spectateurs fera donc fi des manquements relatifs aux maigres informations dont le héros dispose pour retrouver sa fille et ses ravisseurs. Et cela pour plusieurs raisons : d’abord parce que Liam Neeson parvient à exprimer ce qu’un père peut ressentir lors du kidnapping de sa fille en direct, sans toutefois perdre les pédales puisqu’il est formaté par les restes d’une longue carrière au sein des services secrets américains. Ensuite parce que l’intrigue est menée tambour battant, sans véritables temps morts. Les combats sont parfaitement chorégraphiés sur une vitesse d’exécution si diabolique qu’elle en donnerait presque le tournis, et les cascades très bien réalisées sans être outrageusement spectaculaires. Le spectateur ne connait que trop bien le fléau de la traite des femmes destinées à la prostitution, et son dégoût atteindra son apogée lors du marché aux enchères. Aussi il peut qu’adhérer à la cause de cet homme solitaire bien décidé à aller jusqu’au bout de sa mission, quel qu’en soit les moyens et la manière. Tous ces ingrédients font que ça marche de façon irrésistible, et c’est avec une grande satisfaction que le spectateur arrivera au générique de fin.