Taken, réalisé par Pierre Morel et produit par Luc Besson, s’impose comme un thriller d’action intense et captivant. Porté par une performance solide de Liam Neeson, ce film offre une dose d’adrénaline brutale et un suspense qui maintient l’attention. Cependant, derrière son rythme effréné et son efficacité, il cache des lacunes notables, à la fois dans son développement narratif et dans sa profondeur émotionnelle.
L’histoire de Bryan Mills, ancien agent de la CIA, prêt à tout pour retrouver sa fille enlevée par un réseau de trafiquants albanais, repose sur une prémisse simple mais efficace. La tension est palpable dès les premières minutes et culmine dans une série d’affrontements violents et déterminés. Cependant, malgré l’urgence dramatique bien établie, l’intrigue s’enferme dans des clichés et des raccourcis scénaristiques.
Certaines situations manquent de crédibilité, notamment la facilité avec laquelle Bryan semble devancer des adversaires en théorie tout aussi expérimentés. Les rebondissements sont souvent téléphonés, privant le spectateur de la surprise et de l’impact émotionnel que l’histoire aurait pu offrir.
Liam Neeson incarne Bryan Mills avec une intensité qui donne au personnage une dimension quasi mythique. Ses dialogues, notamment son célèbre « discours téléphonique », confèrent à son rôle une aura inoubliable. Cependant, cette incarnation sombre et implacable se heurte à une caractérisation trop unilatérale. Bryan est presque surhumain, transformant chaque défi en une démonstration d’efficacité meurtrière.
Ce portrait héroïque laisse peu de place à la vulnérabilité ou à l’évolution personnelle, limitant ainsi l’attachement émotionnel du spectateur. Si le public peut admirer ses exploits, il peine à ressentir pleinement ses dilemmes ou ses échecs.
Le réseau albanais, présenté comme l’antagoniste principal, manque cruellement de profondeur. Les trafiquants sont caricaturaux, réduits à des figures interchangeables de méchants sans réelle identité. Même les chefs de ce réseau, tels que Marko Hoxha et Patrice Saint-Clair, sont expédiés sans jamais devenir de véritables adversaires mémorables.
Cette faiblesse prive le film d’un enjeu plus grand que la simple survie de la fille de Bryan. Avec des méchants davantage développés, Taken aurait pu s’élever au rang d’un thriller psychologiquement plus percutant.
La réalisation de Pierre Morel privilégie l’efficacité à l’esthétique. Les scènes d’action sont directes, brutales et bien chorégraphiées, offrant un spectacle qui ne laisse pas de répit. Cependant, le film manque d’identité visuelle forte. Les décors parisiens sont sous-utilisés, et l’ensemble semble souvent interchangeable avec d’autres productions du même genre.
La musique signée Nathaniel Méchaly accompagne l’action sans véritablement marquer les esprits. Elle soutient les scènes de tension et de violence, mais ne parvient pas à renforcer l’identité du film ou à enrichir son ambiance.
Malgré un début percutant et un crescendo d’action, le film souffre de quelques lenteurs. Les moments de transition entre les scènes d’action manquent de densité narrative, laissant une impression de remplissage. À l’inverse, certains éléments de l’histoire, notamment la relation entre Bryan et sa fille, sont expédiés au profit d’une montée en puissance plus mécanique qu’émotive.
Taken impressionne par son intensité et la force de son protagoniste principal. C’est un thriller qui sait captiver par sa simplicité et son rythme effréné. Cependant, il est entravé par un manque de profondeur et une dépendance excessive à des clichés du genre. Les personnages secondaires sont sous-exploités, et les enjeux ne parviennent pas toujours à transcender le cadre purement fonctionnel du scénario.
Avec Taken, Pierre Morel et Luc Besson livrent un film qui divertit sans pour autant marquer durablement les esprits. Liam Neeson brille dans son rôle, mais l’ensemble souffre d’une exécution trop mécanique et de choix narratifs simplistes. Si ce thriller procure une montée d’adrénaline certaine, il lui manque la subtilité et l’audace nécessaires pour s’élever au-dessus de son statut de simple divertissement d’action.