Un Woody Allen avec un gros casting sexy, forcément ça attire, mais si en plus il amène une réflexion sur l’amour et la liberté sur fond de passion artistique ça envoie du lourd.
Le synopsis et le thème ne font pas forcément rêver, et l’amour avec Woody n’est pas des plus excitant, alors pensez si je vous dis qu’il n’y a pas de scènes de sexe… Certes mais ça s’en sort mieux que je n’aurais pensé. Déjà c’est pas supra romantique, oubliez le côté mielleux/mièvre et princesses, non c’est plus réel et moderne là même si on est dans un monde d’artistes, donc déconnecté. On voit différentes sortes d’amour (destructeur, un peu à l’eau de rose, latin, éteint, insatisfait changeant etc) à travers la vie de deux copines en virée en Espagne. En fait on se laisse prendre par l’histoire, l’évolution de l’amour et des filles le tout sous des décors espagnols magnifiques. On trouve aussi un rythme langoureux qui se tient malgré quelques longueurs très superflues, une voix off chiante (en vf en tout cas) car trop plate et didactique mais surtout inutile car elle décrit ce qu’on voit. Dans le même genre la petite musique qui revient sans cesse (même dans le générique de fin) devient vite agaçante. La trame est inhabituelle même si la fin se prévoit aisément. Cette dernière est assez abrupte et sèche, ça donne l’impression qu’on a assisté en somme à une parenthèse dans la vie des protagonistes
J’ai pas mal apprécié le fait que le réalisateur associe 2 amies qui sont très différentes. A travers elles il différencie également les USA et l’Europe, sans jugement mais fort à propos (quoique les Européens jouent mieux que les américaines ici). Le meilleur exemple serait la passion qui transpire entre le couple de divorcés, dont les disputes sont latines et emportées, par rapport à Vicky et ses hommes, bien plus plat et insipide. D’ailleurs, son mari est très ressemblant à celui de Judy (américains tous deux), sorte de pendant futuriste d’elle-même, tant dans le polo Lacoste que leurs amis ou leur boulot. A part ça j’ai été surpris que Penelope Cruz ne fasse pas un des premiers rôles, mais cela ne l’empêche pas d’être très bonne dans son rôle d’ex-femme hystérique et libertaire. Notons qu’ils sont bien aidés par des textes inspirés, un peu philosophiques, qui donnent à réfléchir sur sa propre conception de l’amour et de la liberté.
Mon sentiment général est ambivalent, d’un côté c’est un bel hommage à l’Espagne et à une façon de penser libertaire, de l’autre beaucoup c’est un peu ennuyant et pas mal d’aspects m’insupportent (et c’est pas le style de Woody car Match point passait bien). Reste que c’est bien réalisé, sans prétention quoiqu’en pensent certaines critiques, et qui sort de l’ordinaire. Des réflexions sur l’amour sont trop rares dans le 7ème art, pourtant le sujet est vaste, et si c’est un tant soit peu bien fait on passe un moment intéressant.