Ce ne fut pas plus tard que ce soir, un an après sa sortie au cinéma, que je me posai dans mon canapé, pommes et jus d’Aloé Véra à la main (car il faut rester sain), devant Robin Hood, de Ridley Scott. Avec dans le rôle phare : Russel Crowe, toujours convaincant dans sa stature de héros antico-médiéval. Mais si ce n’est pour Crowe ou les beaux yeux de Dame Marianne, il n’y à proprement parler rien à garder de ce film.
Par où commencer ? Par cette myriade de clichés, déjà-vus, a priori, que le cinéma hollywoodien nous assène et nous fait miroiter un semblant de consistance. Certes, le pitch de départ est intéressant : un retour aux sources de la légende de Robin des Bois, ainsi qu’un effort de démythification des personnages constitutifs de celle-ci. La figure du roi Richard au début illustre ce dernier point : non plus Richard le brave et vertueux roi délégitimé de son trône, mais bien un Richard frénétique et irréfléchi, saoulard à ses heures perdues. En cela, le film mérite sa demi-étoile.
Mais 10 minutes n’excusent pas la médiocrité des 2h qui suivent. Robin qui prend la tête de sa joyeuse bande de compagnons sans que le spectateur n’ait pu constater son formidable charisme fédérateur. Le Prince Jean est lascif, irréfléchi, benêt au combat ; sa femme, Léa Seydoux, passive et formidablement inutile ; bref, c’est CE couple royal qu’il faut détester. Le passé de Robin en tant que fils d’un héros politique. Et bien sûr, toujours les mêmes rengaines : l’eugénisme des « héros », la figure du méchant, qui, forcément, DOIT ressembler à un cavalier de l’apocalypse. Ca sent le réchauffé d’un plat pour qui on n’ose même plus penser à la date de péremption.
Pourtant, Scott ne manquait pas de pistes pour remettre en question le mythe de Robin des Bois. On crie après le Prince Jean alors que son but était, à la base, de prélever une taxe sur les riches seigneurs d’Angleterre. Robin galvanise par son appel à l’égalité et au partage des biens et des richesses. Or, vu sous l’angle contemporain, Robin n’est-il pas le défenseur inavoué du bouclier fiscal et le Prince Jean celui qui au contraire souligne la nécessité d’imposer une taxe aux plus riches dans un pays miné par les dettes de guerre du feu roi ? Puisqu’on y est, quelle différence fait-on entre ce que dit Robin et ce qu’affirme Marx dans ses théories que l’on sait ?
Aucun effort de ce côté, donc ; même la morale finale est bâclée. Retournons à l’état de nature, mes amis, vivez heureux dans un monde démonétisé dans lequel Dame Nature vous nourrit de son sein riche. Même Rousseau y a renoncé, que diable !
Robin est le grand gagnant de l’histoire. Il a eu le beurre (le respect du peuple anglais), l’argent du beurre (le cheval de Richard, qui n’avait rien demandé, lui), et les fesses de la crémière (Marianne). Mais surtout, il a gagné mon respect pour avoir fait payer les Français et les avoir fait haïr leurs aïeux médiévaux.