Cinq ans après le mitigé Kingdom of Heaven, Ridley Scott surprend son petit monde en ne proposant pas une énième aventure classique du roi des voleurs mais va au contraire en préciser les origines. Sorte de prequel narrant comment un simple archer au service du Roi Richard va devenir le hors-la-loi connu de tous, Robin des Bois joue une fois de plus sur la personnalité de ses héros et non sur l'action. Robin (Russell Crowe, comme d'habitude parfait) est donc ici un déserteur en quête d'identité, un homme sage mais un brin coquin qui va trouver le moyen de rentrer chez lui en usurpant l'identité d'un chevalier. Hélas, de retour en Angleterre, il va découvrir que l'homme pour qui il se fait passer est en réalité le fils d'un seigneur très intimement lié à son propre passé et, comme un fils de substitution joint par mesure de logistique matrimoniale à Marianne, la belle-fille du seigneur, Robin va se sentir revivre tandis que le pays tout entier est menacé par l'invasion des Français, guidés par le traitre Godefroy. On est donc en terrain connu mais sous une différente forme, les personnages n'étant pas encore ceux que l'on a immédiatement en tête. Le rustre Petit Jean, le malicieux Will Scarlet, le ménestrel Allan-a-Dale ou encore le Frère Tuck, amateur d'hydromel et peu enclin à suivre aveuglément l'Eglise, conservent bien entendu leurs personnalités respectives mais c'est surtout au niveau du Shérif de Nottingham (Matthew Macfadyen, sous-exploité), pauvre bougre sans réel pouvoir, de Marianne (Cate Blanchette, épatante), femme forte révoltée contre l'injustice, et le nouveau venu Godefroy (Mark Strong, LE nouveau bad guy du cinéma), monstre sans pitié, sorte de Guy de Gisborne en plus machiavélique, véritable ennemi de cette aventure. Le long-métrage est donc résolument réaliste, avec de nombreuses batailles beaucoup moins impressionnantes que celles de Kingdom of Heaven mais néanmoins toutes réussies (en particulier le final sur la plage) tandis que certaines pointes d'humour et de romance sont distillées ici et là. Ainsi, sans être le meilleur film de Ridley Scott voire même la meilleure adaptation du personnage, ce Robin des Bois version 2010 a le mérite de proposer une autre vision de la légende tout en demeurant en soi un spectacle pour le moins époustouflant.