Une nouvelle adaptation du Fléau (The Stand) de Stephen King est en gestation, apparemment confiée par la Warner Bros. à Ben Affleck qui devrait se charger de l’écriture et de la réalisation. Ce choix étrange fait suite à nos faux espoirs de voir une petite merveille made in David Yates voir le jour ; mais le réalisateur des trois derniers Harry Potter semble avoir d’autres projets.
Il était donc temps de se pencher sur l’ancienne version de 1994, une mini-série complètement kitsch en 4 épisodes d’1h30 chacun, au budget limité (et ça se voit). Pourtant, tout comme l’adaptation foireuse de Ça (atrocement traduite “Il” est revenu, éludant totalement l’utilisation indispensable du pronom neutre), Le Fléau de 1994 demeure cher à nos cœurs. Nos petits cœurs de fanboys et fangirls ayant grandi aux côtés des personnages de Stephen King, planqués sous la couette avec une lampe de poche à la main afin de continuer ces lectures addictives la nuit tombée (une fois de plus, n’essaie pas de feinter en m’affirmant l’inverse : j’ai fait pareil).
MANICHÉISME, MON AMOUR
Stephen King est un spécialiste des récits manichéens, avec des gentils dégoulinants de bonnes intentions et des méchants vraiment atrocement evil. J’ai un faible pour tout ce qui relève du manichéisme dans la littérature et à l’écran (Superman, pour ne citer que lui), et Stephen King a simplement pondu, de mon point de vue, les deux chefs-d’œuvre de son existence avec Ça et Le Fléau. Le premier est une perle noire d’originalité et de provocation, aux personnages remarquablement travaillés, et à l’écriture terrifiante qui nous fait revivre nos terreurs d’enfance (je ne sais pas pour toi, mais je n’aime plus trop les clowns maintenant).
Pour le second, il affirme s’être inspiré du Seigneur des Anneaux de Tolkien (un autre de mes favoris, mais ça alors). On en retrouve d’ailleurs la dimension de communauté itinérante, se dirigeant lentement vers le Mordor afin d’en détruire la source du mal, et les batailles menées sur plusieurs fronts, de différentes manières. Une énorme différence réside en revanche dans cette référence constante à la religion dans l’œuvre de Stephen King, qui n’est pourtant pas prône au prosélytisme. Un choix scénaristique intéressant, donc, dans le contexte d’une Amérique post-apocalyptique, certes, mais contemporaine.
Un groupe de gentils survivants contre une bande de méchants, ça ne te rappelle rien ? La rumeur veut que la série Lost se soit inspirée entre autres du Fléau.
MEC, IL EST OÙ TON BUDGET ?
C’est là la grande faiblesse de cette adaptation du Fléau par Mick Garris (La Nuit Déchirée, Masters of Horror) : un budget en mousse. La saga a extrêmement mal vieilli, et si mes yeux émerveillés de petite fille accro aux romans de Stephen King ont été aveuglés par l’adulation, j’ai bien conscience que les dialogues sont kitschissimes, les personnages niais, le méchant ridicule (et les doublages à se pendre, si comme moi tu l’as vu en français).
Pourtant, et ce malgré d’immenses lacunes scénaristiques en comparaison avec le livre, j’ai toujours trouvé cette adaptation attachante. Les demoiselles auront l’occasion de zieuter Gary Sinise et Rob Lowe (un de mes premiers amours) avec presque 20 ans de moins. L’on reconnaîtra également Laura San Giacomo, assez crédible dans le rôle de la fiancée un peu tarée (je n’en dis pas plus). La bande originale, bien que teintée de désuétude, parvient à demeurer sympathique. Et j’ai même eu un peu peur lors de quelques scènes avec le méchant, si si (bon, j’avais 10 ans).
En fait, si l’auteur original, n’était pas ce foutu génie de Stephen King, j’imagine ce serait une excellente série pour l’époque. Mais voilà. Le Fléau mérite une adaptation à sa hauteur. Comment Ben Affleck va-t-il parvenir à sortir un film correct sans charcuter le scénario original ? J’espère secrètement imagine qu’il va se reporter sur l’option trilogie.