Hôtel Transylvanie est une comédie d'une pauvreté affligeante. Banale histoire reprenant les mêmes enjeux familiaux et amoureux qu'on malmène depuis que Disney les a démocratisés avec un professionnalisme imposant, la seule originalité de son concept semblerait de transposer son histoire en terre des Carpates, avec toute une flopée de monstres pas forcément très bien animés, quand on ne s'intéresse pas aux problèmes de proportion évidents.
Si Dracula est l'un des plus sympathiques, sa fille, la grosse Momie, Frankenstein, toute la bande de monstres sera proprement insupportable, sans atteindre l'état de grâce, le maître à penser des side-kicks à la Jar Jar Binks : Jonathan, petit roux devenu personnage-intrigue, et qui ne sert, de fait, qu'à faire évoluer le scénario vers ses moments les plus pathos, censés toucher le public, et sa conclusion affreusement naïve.
On aura au moins le plaisir de voir Dracula le martyriser à notre place, et le déplaisir d'apercevoir Hôtel Transylvanie qui s'engouffre, au fil du temps, dans les travers nauséeux des comédies romantiques modernes. En plus d'un humour bas de gamme, prévisible et de twists tout aussi peu renversants, il se vautre au point de respecter le schéma classique de la séparation nécessaire aux retrouvailles amoureuses, que le film entreprend en souillant toutes les lois logiques du genre et du cinéma en général, révélant au grand jour l'existence de monstres sans même faire peur aux humains, eux-mêmes changés en idiots lobotomisés par leur pop culture envahissante.
C'est tout de même une drôle de critique de leur public, qui vient voir le film pour retrouver, justement, ces icônes culturelles modernes dans un cadre enfantin et comique. Le public étant en droit d'attendre de la qualité, il est plus simple, quand on sait qu'on va lui livrer un travail mauvais, sans imagination et paresseux, de le ridiculiser, de le mépriser ouvertement sans même que le grand public ne s'en rende compte.
Parce qu'à voir ce genre de déception répétitive, on ne va pas chercher, quand on y s'en rend avec ses gosses ou ses parents, à analyser ce fond d'entreprise profondément méprisante et malhonnête. Jouant avec cela, Sony fait comme avec Venom, sert aux spectateurs un spectacle commun, bâclé, construit sur les mêmes clichés et plombé par une morale à deux balles, que n'aurait pas réfuté un mauvais Dreamworks.
Et s'il est plutôt moche à voir (les couleurs ne sont pas immondes, mais le design des personnages est répugnant), Hôtel Transylvanie n'a d'adaptation de personnages horrifiques que sa forme peu ragoûtante, apologie de ce que les grands studios font de moins bon en terme d'animation (on est proche de la débâcle Capitaine Superslip) et d'écriture. Paresseux, malhonnête, incohérent et stéréotypé, il est mené jusqu'à sa conclusion en forme de grand n'importe quoi et de morale insupportable, où le spectateur, tourné en dérision, est méprisé et déshumanisé. Les humains valeureux sont finalement les monstres, qu'on pourrait rapprocher, en poussant loin l'analyse, de l'équipe technique en charge du projet.
Un film banal, similaire à tout un tas d'autres animés amplement meilleurs.