Il est des réalités qu'il vaut mieux ne pas pénétrer. Raoul Kraft, lui, n'est pourtant pas du genre à laisser la procédure conclure à un simple accident de la route à propos de son fils décédé, alors qu'une jeune femme vient de lui révéler d'intrigants secrets pharmaceutiques qui pourraient être intimement liés à l'activité du fils en question, provoquant des effets secondaires inaltérables probablement en cause du fameux accident... en partant d'un postulat de départ alléchant et invitant forcément à un haut degré de réflexion, Thomas Vincent tire un film brut, soigné, très peu stylisé par des effets outranciers, et assez lucide, on s'en doute, face aux problèmes que posent les industries pharmaceutiques, leurs essais sur des populations déjà ravagées par la famine et la misère. A ce sujet, l'ouverture et la conclusion font froid dans le dos. Entre temps, c'est une course-poursuite grise, moyennement rythmée, très bien interprétée, qui perce l'horreur de certains systèmes et parvient souvent à nous faire regarder en face ce que l'on a l'habitude de nous cacher ; dans un élan salutaire, les lobbys pharmaceutiques, derrière l'aspect de 'sauveurs du monde' qu'une majorité de gens se font, puisque l'on sait très bien à quoi servent les médicaments, se métamorphosent sous le capitalisme en vendeurs de morts, en machines à chiffres qui ne comptent que leurs gains, enterrant (dans les deux sens du terme) leurs injustes victimes. Il y a donc un certain courage dans "Le nouveau protocole", concernant un sujet malheureusement toujours d'actualité, à souligner au marqueur rouge les démarches vomitives de certains groupes au profit de l'argent, encore et toujours. Le film a même l'idée d'émettre une autre hypothèse (que l'on ne révélera pas tant elle créée la surprise), innocentant astucieusement le réalisateur pour lui permettre de mieux s'attaquer à son désir de destruction massive. Il y a peut-être une volonté trop affichée pour se donner conscience que le mal ne rôde pas p