Sans être forcément très proche du sujet, il arrive qu'un film sur l'homosexualité retienne mon attention. Ici, c'était clairement le casting qui a joué, mais l'intérêt de « Free Love » va, heureusement, bien au-delà. Si la réalisation est, hélas, très conventionnelle et se contente d'illustrer le propos, elle a au moins le mérite d'être sobre et sans fioritures, s'appuyant sur un scénario clair, bien construit, exposant clairement les enjeux pour les uns comme les autres, certes avec un regard militant, mais aussi et surtout une réelle honnêteté intellectuelle, désireuse de rester au plus près des événements. Beaucoup de soin apporté aux personnages (chacun a un rôle à jouer, sait évoluer intelligemment et avec crédibilité au fil du récit), aux dialogues, aux situations, et si on sort pas mal les violons dans les dernières minutes, cela fonctionne sur notre petit cœur. Pas de voyeurisme, de dignité surjouée, juste des êtres humains se battant pour une noble cause et une belle immersion pour le spectateur, impliqué de bout en bout. Sans oublier ma raison d'origine de découvrir ce titre : l'interprétation, impeccable : la grande Julianne Moore, bien sûr (au passage, chapeaux aux maquilleurs, sacré boulot), Ellen Page et Michael Shannon, impérial dans un « premier second rôle » très attachant, même si on pourrait presque tous les citer. Bref, s'il aurait clairement gagné à plus d'ampleur formelle, la qualité d'écriture comme le nombre de talents réunis devant la caméra suffisent aisément pour emporter le morceau : voilà un film dont on sort réellement touché, et c'est bien là l'essentiel.