Avec une caméra toute pourrie ne laissant aucune définition intéressante de l'image sur l'écran, une prise de son amateur et pour scénario deux gens qui s'aiment comme ça, tout d'un coup (on sait très bien que ça peut arriver, alors on pardonne), "Once" s'affiche clairement comme un petit film à éviter, projeté dans 55 salles comme il aurait pu ne tomber que dans un cinéma désaffecté de quartier. Mais, surprise, "Once" est un des meilleurs films de l'année. <<Mais...pourquoi?>>, me demanderez-vous donc (et vous aurez bien raison de me poser la question). En fait, dans cette oeuvre musicale où la musique parle plus que l'image, il y a une preuve : celle qu'en partant de rien, on arrive à tout. Il y a toute la magie retrouvée, recherchée, puisée par tous les moyens, dans ce film. Une pauvre scène d'un homme qui joue de la guitare avec en face de lui une femme et son aspirateur, prend une proportion émotionnelle désarmante. Parce que John Carney saisit la subtilité de la relation, non pas dans la création d'une chose en tant que relation mais à partir de la magie qui s'en dégage, la magie de trouver l'âme soeur, cette personne à qui l'on crierait désespoir, souffrance, torture face à son silence. L'errance de cette femme chantant dans la nuit profonde, comme dévoilant à la ville son infini désir, ou encore les regards sur un bord de mer, sont tant de scènes pénétrantes de vérité, de puissance et de sincérité amoureuse. On croit tellement à cette histoire bien loin du formatage actuel (pour deux raisons : premièrement, personne n'est connu, et ensuite le matériel de réalisation est médiocre, donnant un inévitable cachet auteur), que l'image laide nous transperce, car ce n'est pas tant le grain qui a son importance ici, mais plus la nature du plan-même (superbe séquence finale sur grue). Ces deux êtres sont touchants, vrais, ils sont nous comme ils sont eux, la partie filmée de leur nature a une similitude avec nos propres faces, leur relation a un peu (un peu seulement