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soniadidierkmurgia
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3,5
Publiée le 22 octobre 2013
"Safe", film de jeunesse de Todd Haynes, cinéaste rare dresse le constat amer de la place faite à la femme au sein de la société bourgeoise américaine dans les banlieues chiques en bordure des mégapoles où tous les jours le mari aimant va gagner de quoi rembourser les traites du ménage pendant que madame s'occupe à l'aménagement intérieur du foyer et à discourir sans fin sur les vertus de la dernière crème amincissante. Le sujet a déjà été largement traité par le cinéma américain à travers sa vision de l'époque prétendue dorée de l'expansion du consumérisme effréné qui régit désormais l'ensemble de nos sociétés occidentales s'attaquant maintenant aux vastes territoires à défricher des fameuses BRIC. "Mad men" la série qui fait fureur en ces années 2010 n'oublie pas d'inscrire cette donnée en toile de fond de son portrait du monde la publicité des années 60. Ce thème récurrent qui montre comment le capitalisme a tenté de faire de la femme son meilleur vecteur d' épanouissement au prix de son maintien sous le joug de la domination masculine, Les variantes les plus extrêmes ont parfois été proposées par les réalisateurs hollywoodiens tonitruante et décapante par l'iconoclaste John Waters avec "Serial mother" (1994) , fantastique et prophétique par Bryan Forbes, avec "Les femmes de Steppford" (1975) ou encore désabusée par Paul Newman dans "L'influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites" (1972) . Haynes s'attarde lui sur la langueur progressive qui envahit une jeune femme jusqu'à la conduire dans les bras d'une secte new age désignant la pollution comme source de toutes les souffrances humaines. Haynes aborde là une autre préoccupation de la société américaine très perméable aux charlatans de tous poils qui surfent sur les ratés de l'adaptabilité humaine au progrès pour offrir tout un arsenal de solutions miracles à des âmes en détresse. La force du film est de nous faire ressentir au plus intime à travers le visage alternativement impassible et effrayé de Julianne Moore l'irrésistible appel de la folie qui s'empare d'un esprit sans doute initialement instable. L'alchimie entre le réalisateur et sa comédienne teinte le film d'une froideur qui par moments fait froid dans le dos. Les deux se retrouveront sept ans plus tard pour ce qui demeure à ce jour le chef d'œuvre de Haynes "Loin du paradis", hommage flamboyant au cinéma de Douglas Sirk.
L'ouverture de "Safe" et cette voiture qui serpente entre les rues d'une banlieue résidentielle pendant que les noms des membres du casting s'illuminent dans un blanc aveuglant annonce en quelque sorte l'aspect fantomatique de son personnage principal, Carol White. Douce, éteinte, elle traverse le film comme absente à elle-même et l'opacité qui se dégage du visage de Julianne Moore provoque une émotion particulière, une fascination qui n'est pas étrangère au caractère inexplicable de la maladie. Toute la beauté de la première heure réside dans la sécheresse d'une mise en scène qui suit un corps spectral, comme ce superbe moment où Carol marche sur sa terrasse la nuit avant d'être éclairée par les phares d'une voiture de police, qui ne peut que subir des symptômes laissant les médecins interdits. En revanche, le film convainc moins à partir du moment où il accentue l'isolement de cette femme qui part vivre dans un centre de traitement en donnant le sentiment de ne plus être que l'application d'un programme, celui d'une inexorable descente aux enfers. Haynes ne semble pas avoir de point de vue fort sur un lieu pourtant atypique et verrouille l'approche de son personnage dans la mesure où il ne s'agit plus que de constater l'évolution d'une maladie incurable. Un beau geste de cinéma mais qui demeure inaccompli.
Avec un sujet pas encore mis en avant à l'époque mais qui devient récurrent de nos jours le réalisateur se montre "visionnaire" et fait aussi un bon choix d'actrice avec Julianne Moore qui arrive généralement à construire des personnages marquants, d'une certaine manière c'est encore le cas ici. Par contre il est difficile de comprendre le point de vue proposer. Les intentions restent assez vagues voir presque suspectes vu qu'on met finalement la pollution sous le tapis. Alors on peut pas dire qu'on s' ennui en regardant le film mais on reste dans l' expectative jusqu'au final en queue de poisson.
Très certainement remake de l'introuvable "Superstar" tourné par le même Haynes avec des poupées Barbie, "Safe" est un GRAND film sur l'aliénation. Farce horrifique sur l'aseptisation de la vie bourgeoise californienne, Julianne Moore (excellente) y campe une obsédée de la blancheur et de la pureté qui, peu à peu, de cures en TOC tupperware, sombre dans la folie. Une étrange beauté glacante parcours ce film indispensable.
Carol White (Julianne Moore) mène la vie ennuyeuse d'une riche femme au foyer californienne : elle réaménage son intérieur en houspillant sa bonne mexicaine, elle prend des cours d'aérobic, elle déjeune de temps en temps avec sa meilleure amie en échangeant des ragots.... Sa santé se dégrade imperceptiblement - toux, saignement de nez, commotion... - sans que la médecine ne parvienne à identifier la cause de son mal. L'origine en est-elle psychosomatique ? ou Carol développe-t-elle une hypersensibilité à l'environnement de plus en plus toxique ? Pour se protéger, Carol décide, avec l'accord de son mari, de se retirer au Nouveau-Mexique, dans un centre de soins New Age dirigé par un gourou melliflu qui soigne les âmes autant que les corps. Réussira-t-elle à y retrouver l'équilibre qu'elle avait perdu ?
"Safe" a été réalisé en 1995 mais n'a pas pris une ride en un quart de siècle. Mieux : les questions qu'il soulève semblent plus d'actualité que jamais au temps de la pandémie du Covid.
"Safe" joue avec beaucoup de succès sur plusieurs registres. "Safe" pose en premier lieu la question de notre relation à notre environnement, de la capacité de notre corps à en supporter la toxicité et les agressions. Il s'agissait à l'époque pour le jeune réalisateur Todd Haynes - qui allait effectuer dans les décennies suivantes la brillante carrière que l'on sait ("I'm Not There", "Carol", "Dark Waters"...) - de tisser une métaphore du Sida. Cette métaphore-là a en partie perdu de son actualité. Mais la question de notre relation à l'environnement reste brûlante : électrosensibilité, hypersensibilité chimique multiple, intolérance environnementale idiopathique...
C'est aussi un film sur le vide de nos vies. Julianne Moore - qui n'était pas encore la star qu'elle allait devenir - y joue à la perfection la femme au foyer américaine. La première scène du film où on la voit, en position du missionnaire, attendre avec un mélange d'abnégation, de tendresse et d'ennui, l'orgasme de son laborieux époux, résume son personnage. Sa vie n'est pas si malheureuse ; mais elle ne suffit pas à la combler. Ses pathologies sont peut-être l'expression de ce malaise.
"Safe" flirte enfin avec le film d'horreur - et est parfois catégorisé comme tel - même s'il ne contient aucune scène d'horreur. Son dernier tiers, qui se déroule à l'institut Wrenwood au Nouveau-Mexique, baigne dans une ambiance angoissante, alors même que les représentants de l'Institut qui accueillent Carol font avec elle assaut de bienveillance. La fin du film est aussi intelligente qu'angoissante. Elle soulève des questions qui continuent à nous poursuivre bien après la dernière image.
Deuxième film que je vois de Todd Haynes après "Loin du paradis", excellent hommage aux mélodrames de Douglas Sirk et un beau portrait de femme où on retrouve la même Julianne Moore dans le rôle principal. Ici on est en 1987, dans une ère déjà très matérialiste à la veille d'une ère encore plus matérialiste, et là encore on va avoir le droit à un beau portrait de femme. Cette dernière est d'apparence très bien dans le moule du règne du superficiel jusqu'à ce que son corps se révolte. Est-ce une réaction allergique psychologique, physique ou les deux à son environnement de vie ??? Ça, on ne sait pas vraiment car ce qui intéresse surtout le réalisateur c'est son personnage féminin.Et pour le rendre fort, il peut compter sur une émouvante Julianne Moore qui montre encore une belle preuve de son immense talent en incarnant avec réalisme et sobriété son rôle de riche femme au foyer qui va devoir renoncer entièrement à ce qui faisait jusqu'ici son quotidien pour guérir. L'oeuvre doit beaucoup à la comédienne.Donc plus qu'une critique d'un monde matérialiste (même si le film est cela aussi !!!), "Safe" est surtout un beau portrait de femme superbement incarné.
Je n’avais aucune idée de ce que j’allais découvrir ; Todd Haynes a su créer un petit univers. Malheureusement, dans son ensemble, j’ai trouvé ça moyen. La narration est beaucoup trop lente malgré une mise en scène relativement maîtrisée mais trop platonique.
Le scénario est assez intéressant ; le concept est bien développé et Todd Haynes va au bout de son idée. Cependant, la narration prend tellement son temps, trop son temps même que le spectateur peut s’ennuyer. D’autant plus que les personnages ont une évolution tout à fait correcte mais ils manquent d’un petit détail qui fait qu’on s’attache à eux ; il y a trop un fossé entre eux et nous. En clair, l’histoire a un potentiel mais la lente narration peut être frustrante.
Concernant la réalisation, je la trouve très minimaliste ; tous les plans sont picturaux et travaillés au millimètre. Je trouve que l’image contient des tableaux marquants, notamment grâce aux décors. Sinon, la musique est plutôt belle et nous aide à rentrer dans une ambiance spécifique. Par ailleurs, le montage est légèrement plus oubliable que le reste. Sur l’ensemble de la mise en scène, la direction photographique est marquante mais le reste a tendance à passer aux oubliettes.
Concrètement, je ne recommande pas ce film mais j'incite à sa découverte car il permet de découvrir l’univers de Todd Haynes.
Todd Haynes signe ici un film assez déroutant, assez dérangeant, assez perturbant. Je pense qu'il y a pas mal de choses à en dire, je serais curieux de savoir tout ce qu'à voulu dire le réalisateur avec ce film. On peut l'interpréter de tellement de façons différentes. Après pour parler du film en lui même, j'ai pas été complètement emballé. J'ai eu du mal à vraiment accrocher à l'histoire et la mise en scène n'est pas vraiment parvenue à rehausser le tout. Bref, ce n'est pas le film de Todd Haynes que je préfère.
Ce film est l’un des préférés de Nicolas Godin, membre du sublime groupe Air. Une aliénation poussée à son paroxysme, où Julianne Moore tombe dans l’engrenage de la survie propre, saine, dans une période charnière de la pollution, où les mentalités et les développements nous ont poussé là où nous sommes désormais.
Oui bon c'est moyen quand même tout ça. Déjà c'est très lent, il faut plus d'une heure avant que Carol réalise ce qui lui arrive, et une fois au centre... bha il se passe pas grand chose, et c'est comme ca que je pourrais définir le film. L'idée est intéressante, même si à la fin on la remet en question avec tout ce self help. Carol est elle vraiment malade du 21e siècle, des chemicals, Peut être que oui peut être que non, ou alors c'est juste elle qui se tue, comme on le vois au début du film sa vie n'est pas très palpitante. Ya des pistes d'interprétation, mais a regarder c'est lourd. L'acting est pas trop mauvais mais voilà, je prend pas de plaisir lord du visionnage. C'est intéressant à analyser mais pas à voir.
Incontestablement, SAFE fait partie des films les plus marquants et passionants que j'ai pu voir ces 10 dernières années. J'ai eu la chance de le visionner dans un cinéma de quartier lors d'une rétrospective à Nantes en 2003. Julianne Moore est stupéfiante dans son rôle de névrosée allergique aspirée par un tourbillon que l'on devine fatal. Thriller hors norme, parabole inquiétante sur des années 80 aussi mortifères que matérialistes, SAFE est un film indispensable et injustement méconnu." (Safe)