Ce qui est marquant dans ce film c'est que personne n'aurait pu imaginer il y a encore une quinzaine d'année un film aussi satirique et moderne sur l'hyper capitalisme à la chinoise même si ce film est fait à Hong Kong et dans l'univers Hong kongais. Le cadre temporel et le moment du début de la crise financière de 2008 des subprimes qui encore aujourd'hui a changé le monde entier et sans doute pour longtemps mettant fin à un capitalisme et libéralisme débridé sans limites et surtout sans victimes. Ici une grande société de Hong Kong, prête à entrer en bourse, et à l'intérieur la vie des employés, la pression, le rendement, l'implication totale, le burn out, les relations amoureuses, amicales, compétitives, concurrentielles le tout filmé dans un décor et environnement surprenant avec quasi une unité de lieu et une transparence des décors de cette machine qu'est l'entreprise financière, véritable ruche hyperactive. Le style est osé, moderne, avec des axes de prises de vues étonnants, un rythme tant visuel que narratif très punchy et choix intéressant et un peu destabilisateur entre la comédie musicale et le jeu plus traditionnel vraiment original. On suit presque comme un thriller cette saga capitaliste qui repose aussi sur un système vertical et patriarcal avec à l'intérieur le grand patron qu'est le père, charismatique par ailleurs, interprété avec brio par Chow Yun Fat. D'excellents acteurs l'entourent comme la toujours exceptionnelle Tang Wei, ici dans un rôle plus effacé. L'intérêt de l'histoire en elle même s'emousse cependant peu à peu mais on retiendra surtout le style, le parti pris esthétique, et la satire d'une société capitaliste asiatique et ses répercutions sur ce qu'est la vie aujourd'hui de ces millions de golden boys et golden girls dans cette partie du monde. Surprenant, original, novateur, un film vraiment à découvrir.