Terrifiant...Voici le premier mot qui me vient à l'esprit après cette vision de "Black Swan" de Darren Aronofsky. Tout commençait bien pourtant, Nina est une jeune danseuse prodige d'un ballet important, qui rêve d'obtenir le rôle principal dans le célèbre "Lac des Cygnes" de Tchaikovsky. Cependant, la compétitivité féroce régnant au sein du ballet ainsi que la dureté du chorégraphe vont mettre à mal le rêve de la fragile Nina. On rentre directement en empathie avec ce personnage de Nina, jeune fille innocente et pleine d'illusions, qui se retrouve piégée dans un monde de requins, où tout le monde veut la voir sombrer, à commencer par ses propres camardes danseuses. Et oui, c'est bien là les coulisses que nous montre Aronofsky, un milieu impitoyable où règne la compétitivité et où la tendresse n'a pas sa place. Nina va vite perdre ses illusions à la rencontre de Lily (Mila Kunis, diabolique), une autre danseuse qui, sous son masque amical, ne cherche qu'à la supplanter dans le rôle principal. La dureté imposée par le chorégraphe du ballet (Vincent Cassel, étonnant dans un rôle de professionnel froid et manipulateur) va aussi avoir un impact sur la santé psychologique de Nina, qui va être forcée de s'endurcir pour pouvoir jouer le Cygne Noir. Tous ces événements sont filmés comme une une spirale machiavélique dans laquelle notre jeune Nina va y laisser des plumes, perdre petit à petit l'innocence qui la caractérisait. Jusqu’à un final hallucinant, où la quête de la perfection va être poussée au plus loin... C'est avec beaucoup de brio qu' Aronofsky filme cette descente aux enfers, mettant un point d'honneur à retirer progressivement le vernis sur ce monde du ballet et montrant les rivalités d'une violence inouïe pouvant avoir lieu dans ce type de spectacle. Cependant, je dois noter que les principaux problèmes du film viennent de sa mise en scène. Tout d'abord, et ce n'est pas la première fois que je le remarque, la réalisation parfois racoleuse d'Aronofsky est irritante au possible : les scènes de sexe sont inutiles et la manie puérile du réalisateur à vouloir créer des séquences malaisantes et choquantes est agaçante (
les plans innombrables sur les membres cassés et fracturés sont parfois insoutenables
). De plus, on reprochera aussi son partie de rattacher la déliquescence psychologique de Nina à
une espèce de métamorphose fantastique et organique pseudo-cronenbergienne
, qui là encore n'est pas particulièrement pertinente. Ce sont peut être des détails pour certains, mais cela plombe le film en partie pour moi et lui donne un aspect parfois grand guignolesque alors que le réalisateur aurait plutôt dû chercher la grâce, même dans les moments les plus difficiles du récit. Il n'en reste pas moins que Black Swan est incontestablement un grand choc des années 2010 et que, rien que pour ce personnage absolument fascinant qu'est Nina, toujours à la recherche de la perfection, il est nécessaire de le voir. La perfection, oui, mais à quel prix ?