La première fois que je l’avais vu, je n’avais pas perçu l’importance de la dimension inconsciente, on pourrait se prêter à l’onirisme comme dans de nombreuses comédies musicales, ici c’est fantasmatique, d’où la question de la sexualité, de la mère étouffante, la virginité, qui empêche le personnage d’atteindre à sa face obscure. L’émulation est perçu ici non à travers des sentiments, mais se traduit par une réelle envie de tuer son concurrent. La seconde partie entre cauchemar et réalité, est en perpétuel mouvement, la caméra suit, tournoie, le corps est blessé et torturé, on peut se demander pourquoi de façon obsédante, derrière l’épiderme, la peau, le sang doit surgir, à quelle volonté, à quel désir, de destruction, cela correspond : on peut avancer des hypothèses comme le sang menstruel, celui qui fait femme, ou le sang de la métamorphose, de la transformation d’un corps à un autre, d’une identité à une autre. En plus de nous rendre presque compréhensible la beauté de la danse classique, dont le carcan, « les figures imposées », un peu comme la poésie classique, est à la prose de la danse contemporaine, il ne s’agit pas de prendre un sujet contemporain, mais le plus connu des ballets classiques « le lac des cygnes »… Oui grandir, mûrir fait atrocement souffrir, le personnage s’inflige des blessures autant pour rester dans le réel, alors qu’il est en plein délire,… La schizophrénie, le fait que Nathalie Portman se voit souvent dédoublé, on la sent débordé par son inconscient, qui la projette dans des images d’elle-même comme happée par le rôle du cygne noir.