Rien que la perspective de l'élaboration de ma part d'une théorie selon laquelle dans exactement une décennie, trois mois quatre jours Darren Afronsofsky nous réservera un choc cinématographique tel que Black Swan et Requiem For A Dream, que dix ans sépare devrait vous démontrer à quel point Black Swan et le restera sûrement pour les années à venir le film le plus important pour la carrière de Darren, mais aussi (et surtout) pour celle de Nathalie Portman, qui livre sans exagèration aucune le rôle de sa vie, ainsi que pour la nouvelle décennie de cinéma qui commence, et ce encore une fois sans, ou en tout cas sans trop exagerer. Car quand Requiem For A Dream est la première grande oeuvre d'art, il a l'air du premier croquis d'un artiste par rapport à Black Swan, car si les deux films sont de qualités quasi-égale (et qui sait de quelle qualité je parle !), on sent bien que Black Swan est l'oeuvre d'un cinéaste dont la maîtrise de la caméra a évolué, sans que le style tout bonnement incroyable de celle-ci ait grandement changé. Ainsi, les plans sur les dos des personnages ajoutés à certains jeux de miroirs, utilisés surtout durant une dernière partie incroyable, sont préférés aux travelings vertigineux face aux visages des personnages comme on pouvait en voir en nombre plutôt conséquent dans Requiem For A Dream ; mais comme dans ce dernier Darren aime distiller son film, devenant psychologiquement de plus en plus insoutenable au fur et à mesure que le portrait psychologique plus ou moins "amoché" de Nina, le personnage principal du film, jusqu'à un avant-final tétanisant précédant un final tragique qui marque les mémoires ; mais, pour continuer dans cette petite comparaison, si dans Requiem For A Dream l'expèrience du film prônait sur les performances, malgré qu'elles soient très bonne pour certaines, dans Black Swan Nathalie Portman doit porter à elle seule tout le film, et autant le dire tout de suite, les Oscars ne se sont pas trompés ! Car quand un acteur ou une actrice joue aussi bien un rôle psychologiquement aussi complexe, impliquant aussi un apprentissage intensif de la danse (regardez le film et vous en serez convaincu), ça mérite d'être remarqué, et bien remarqué !! Pour en venir au synopsis, le film nous plonge comme vous devez sûrement le savoir après avoir atteint ces lignes dans l'univers de la danse, et plus précisement dans la compagnie de danse de Nina, jeune danseuse perfectionnisme qui se verra être choisie pour jouer le rôle principal pour une reprise du Lac Des Cygnes de Tchaikovsky, donc le Cygne blanc mais aussi son double maléfique, le Cygne noir, et puisque c'est le moment parfait pour parler plus en profondeur du scénario, autant dire que comme Requiem For A Dream personne d'autre que Darren Afronsofsky n'aurait pu autant nous faire sentir la descente aux enfers Nina, on pourra même aller jusqu'à la considérer comme plus puissante (mais pas plus déprimante, c'est clair...), car plus envoûtante, plus maîtrisée, que l'autre. En effet, une des raisons de ce fait serait que la drogue est au final un sujet de départ "normal" (n'allons pas jusqu'à simplifier la chose !) pour une descente aux enfers, alors que Black Swan traite d'une folie différente, sur l'histoire de cette femme qui voulait la perfection dans un rôle qui ne le permet pas, et qui ira jusqu'à sombrer dans la schizophrènie et la paranoïa pure, la folie, tout simplement, pour y arriver... Et, plus que dans Requiem For A Dream, il y a intensément quelque chose de magnifique dans l'affaire. Mais bon, on esperera que Nathalie Portman n'est pas allé jusque-là pour obtenir cette perfection de rôle... Conclusion : Black Swan s'avère déjà comme étant le meilleur film de l'année et même de ces dernières années ! Et comme le dit Nina : "je l'ai senti... C'était parfait !