Première réaction en sortant de la salle de cinéma : WOUAW. Courez le voir ! J'ai pris une vraie claque et je ne m'attendais pas à apprécier autant. J'y suis allé dès que j'ai pu parce que j'en avais entendu beaucoup de bien, et puis pour Natalie Portman qui s'avère être l'une des actrices les plus bourrées de talent que j'ai jamais vu. Le film débute sur une scène des plus magnifiques qui met tout de suite dans l'ambiance. Au début, le personnage est une femme très réservée, travaillant sans relâche, appliquée et beaucoup trop conciliante avec son entourage. Trop fragile, trop gentille, la petite fille modèle qui ne pense qu'à une chose : atteindre le sommet de son art et briller sur scène. Mais son chorégraphe lui apprend qu'elle va devoir se lâcher, car le fait de vouloir être trop parfaite l'empêche justement d'interpréter la subtilité du double rôle Cygne Blanc/Noir. Ce changement va se faire par l'éveil sexuel mais pas seulement. Elle va devoir apprendre à dominer les autres, à contrôler sa vie plutôt que de la subir et de se soumettre à l'autorité. La relation entre Nina et Thomas est assez ambiguë, on se demande d'ailleurs parfois ce que souhaite réellement ce personnage qui ne cesse de faire des allusions au sexe, ce qui gêne bien évidemment la jeune femme. Vincent Cassel incarne à la perfection ce qu'on croit être un enfoiré de service, à la fois très dur, très sévère, et assez spécial. Tout ceci passe également par un autre personnage, Lily, la rivale de Nina qui pourtant s'avère fort sympathique et encourageante à l'égard de celle-ci. L'actrice Mila Kunis est vraiment excellente, très crédible, avec un naturel incroyable. Mais son personnage n'a rien d'extraordinaire, elle incarne simplement la "bonne copine". Elle va initier Nina, l'aider à s'épanouir sexuellement au travers d'un fantasme, et ainsi réveiller en elle la part de méchanceté et de brutalité qui va modifier son comportement. Un comportement qui change notamment vis-à-vis de sa mère, une femme ultra-protectrice qui a abandonné sa propre carrière de danseuse afin d'élever sa fille. Là encore la relation entre mère et fille est étrange, puisque Nina est toujours considérée comme une gamine de 12 ans, chose qu'elle subit constamment sans rien dire, jusqu'au réveil de son double maléfique. Cette évolution se voit clairement au cours du film, par le biais des blessures aux doigts, aux orteils, et surtout dans le dos de la jeune femme qui tente les cacher et de les refouler, certainement par peur de devenir quelqu'un d'autre, de se transformer justement en Black Swan. Le personnage de Natalie Portman est vraiment passionnant, intrigant, très profond et recherché. C'est avec un tel travail sur les personnages qu'un film devient aussi captivant, car on se sent impliqué dans la vie de cette fille qui va tout faire pour arriver à la perfection, quitte à devenir cinglée. Le jeu de l'actrice relève vraiment du génie, elle n'en fait jamais trop, parvient à être touchante d'un bout à l'autre avec une grâce et une sensibilité infinie. Tout le film se base autour d'elle, qui occulte presque tous les autres personnages. Dans tous les cas, ceux qui ont critiqué le film à cause des talents de danseuse de Portman prouvent qu'ils ont loupé l'essentiel du film, car ça doit occuper au maximum 20 minutes de l'intrigue (et pour des néophytes tels que moi, le résultat est impressionnant). Tout l'intérêt du film est d'ordre psychologique, et c'est fait avec tant de subtilité que j'en étais subjugué : on suit le calvaire d'une jeune femme dans ce métier très difficile, réservée aux élites, où la tension et le stress prennent énormément de place. Loin de l'idée d'Aronofsky de critiquer l'univers de la danse puisqu'au contraire c'est un thème très peu abordé au cinéma et que ça nous permet de découvrir et d'apprécier le ballet sous un format différent. Tout ce thème du double est passionnant, à travers les miroirs très symboliques qui reflètent parfois au personnage de nouvelles facettes de sa personnalité qu'elle a peur de dévoiler. Un autre thème intéressant du film qui intrigue, c'est toute cette notion de perfection recherchée par le personnage. Nina cherche à tout prix la perfection dans son art, afin de réaliser la représentation parfaite face à son public. Elle est obsédée par cette idée et c'est d'ailleurs ce qui va la tourmenter et la torturer. C'est à travers Beth (Winona Ryder) que va naître chez Nina une peur folle de son futur proche. La fin du film est d'une beauté époustouflante, sensationnelle et très puissante. Sur grand écran, j'ai pris une véritable claque. Vraiment bouleversant. Pour finir il faut noter que la BO de ce film composée par Clint Mansell est magique. Pour moi ce film est clairement un chef d'oeuvre qui montre une fois de plus le talent incommensurable de Natalie Portman, toujours juste, poignante et impliquée. Elle attire constamment notre regard avec sa présence incroyable. Ma critique complète : http://0z.fr/ormUw