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max6m
72 abonnés
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4,0
Publiée le 13 novembre 2009
Difficile de parler de ce film sans évoquer "Les contes de la lune vague après la pluie", tant les 2 films sont proches thématiquement. Comme dans le chef d’œuvre de Mizoguchi, Kinoshita situe son histoire dans la période de guerres des clans du Japon Médiéval, et dénonce les basses ambitions des hommes, espérant trouver la gloire dans des conflits les entraînant à leur perte. Pas de salut ici pour ces êtres animés par l’orgueil et avides de pouvoir, dont l’obstination contaminera la descendance de cette famille paysanne, à l’exception de Sadahei et sa femme qui prêcheront dans le désert leurs valeurs d’humilité, de simplicité et d’amour de la famille. Si le propos est riche, il reste bien moins prégnant que dans "Les contes", dilué dans un bloc de temps trop long. En étalant le film sur 4 générations, Kinoshita est obligé de survoler la psychologie des personnages. Ceux-ci deviennent anonymes (nous ne savons plus très bien qui est qui) et leur personnalité s’efface sous le poids d’une hérédité trop lourde. Les situations se répètent dans une logique absurde qui, si elle souligne l’impuissance de Sadahei et le caractère désespéré de son combat, lui donnant la grandeur d’âme nécessaire, n’empêche pas une certaine "habitude" qui dessert l’intérêt que nous portons pour le destin de cette famille. Le propos reste en surface, non relayé par la richesse psychologique des personnages ou la profondeur de leurs émotions. Mais voilà, Kinoshita réalise ici un travail de mise en scène, avec une utilisation totalement originale de la couleur, qui insuffle au film une dimension poétique fascinante qui se suffit à elle-même. A voir par exemple la scène de la mort du grand-père, l’une des plus belles du film, et ce superbe travelling latéral avec passage au bleu de l’image qu’accompagne le son de clochette de la mort, on pense au meilleur du Kurosawa fantastico-onirique du "Château de l’araignée". Ya pas à dire, le cinéma japonais des années 60 avait vraiment une grande classe.